Bien respirer !

Pierre Alechinsky raconte son premier voyage au Japon. Il avait 27 ans. Jeune peintre, il était fasciné par la calligraphie japonaise et voulait rencontrer les maîtres de l’art. Lors d’une de ces rencontres, il interroge le calligraphe : quel conseil peut-il lui donner ? a-t-il un secret pour pratiquer cet art ? La réponse que reçut Alechinsky lui parut, dit-il, dérisoire de prime abord. Le maître lui dit : « il faut seulement être bien assis et bien respirer. » J’aime cette leçon – qui n’a rien de dérisoire, comme le peintre l’a compris par la suite : dans sa simplicité, et dans l’attention qu’elle porte à deux éléments essentiels – la posture et le souffle, elle est parfaitement adaptée à l’art du chanteur.

Hével

« Hével havalim », vanité des vanités.

En hébreu, la racine hbl a le sens d’exhalaison, respiration ténue, souffle, buée, vapeur, émanation, fumée, vent, bulle, bulle d’air et, par symbolisme dérivé, réalité passagère, vaine, de peu ou pas d’importance, …

(Jean L’Hour cité par Jacques Roubaud dans son petit livre intitulé Sous le soleil, qui présente une exégèse et une traduction du Livre de Qohélet, Vanité des Vanités).

Jacques Roubaud cite aussi Pierre Jean Jouve:

Voilà c’est tout
Et l’ourlet de la mer la poussée du feuillage la terrestre fanfare des montagnes
N’ayez pas peur de votre tristesse c’est la mienne
C’est la nôtre c’est la sienne
Ô grandeur
N’ayez pas peur voici la paix la vie la vie est admirable
La vie est vaine
La vie est admirable la vie est admirable elle est vaine

Admirables, ces quelques vers musicaux, qu’il faudrait pouvoir simplement chanter.
Ce n’est pas un hasard si le souffle de l’air y est associé. Le chanteur est dans le « rien », qui est tout.