Dans un conte chinois très vieux

Dans un conte chinois très vieux, il y a une maman qui, pour guérir son enfant condamné par les médecins, fait un arrangement avec un diable. Un arrangement très compliqué, avec des déserts, des grillons géants, des villes disparues, tout un périple, mais l’enfant guérit. Et plus tard, au moment des fêtes (des Jours de l’An chinois), la maman se demande quoi donner au diable. Continuer la lecture de « Dans un conte chinois très vieux »

Cette illusion ?

Nous resterons attachés, en dépit des doutes et des interdits, à cette illusion parfilée de gaieté et de larmes, que tant d’intérêts et tant d’amour réellement recouvrent. Sans cesse déchue et réintégrée, parmi les promesses que nous nous soufflons et nous jetons à l’oreille, rien jusqu’ici n’a pu en faire plier la suprématie. Elle se tient devant nos investigations comme un sphinx qui tantôt sourirait pour la première fois et tantôt nous semblerait hors d’usage. Qui sait ? Parce que sa durée ne court pas seulement entre le bref bonheur de nos parents et notre poussière lointaine; parce qu’elle est inscrite en filigrane dans le jour en même temps que dans nos yeux.


Mais qui rétablira autour de nous cette immensité, cette densité, réellement faite pour nous, et qui, de toutes parts, non divinement, nous baignaient ?

René CHAR, Recherche de la base et du sommet.

Le rêve

(la plupart de nos rêves ne possèdent qu’une plénitude close. Désagréables ou heureux, leurs énigmes ont une sorte de suffisance dans laquelle nous pouvons sans fin nous tourner et retourner sans que rien ne change dans notre vie. Mais parfois, en des nuits très rares, il arrive qu’un songe constitue l’une de nos heures essentielles, qu’il éclaire, sans la moindre démonstration, le chiffre de nos jours, qu’il nous transporte là où notre désir d’infini et la conscience de notre finitude ne sont qu’un, là où les préoccupations de la vie usuelle, téléguidée et partant de faux maître, nous interdisent bien souvent de nous tenir : en notre âme même.)

Pascal RIOU, En notre âme même, Conférence n°22

Le Jardin

Nous l’avons oublié … mais nous l’avons connu
Ce Jardin de bonheur et de toutes vertus.

Grand verger traversé par le vent de la plaine
souffles chauds, vols d’oiseaux, bruit de feuilles, silence.

Enclos sur la colline et tout autour, le ciel,
et l’horizon bleuté et sa courbe profonde.

Prairies, fier pays, héritage, domaine
où nous vivons tous deux de sources et de miel.

Et l’Arbre ! Paradis, branches jointes, murmures,
sanctuaire élevé à nos humaines joies,

coupe où sans nous lasser nous goûtons à la vie,
dôme au travers duquel nous cherchons notre ciel.

Arbre aux heures lentes, grand livre ouvert, sagesse,
et reposoir mouvant de nos calmes pensées.

Françoise LYON, La Joie secrète, 1975
[ma mère, en hommage]