Le chant en consonance avec l’univers

Je note chez Bruno Pinchard:

La vibration est un aller-retour entre des termes, entre des extrêmes. Elle est un formant de la matière physique mais aussi une émotion d’une intimité absolue.

Façon subtile de signifier à la fois l’espace de partage émotionnel et l’échange vibratoire avec le monde qui nous entoure. Le chant est d’abord une transformation irréversible du silence – le monde d’après le son n’est plus le même, il a été transformé – physiquement, puisque l’on sait que, réellement, l’énergie libérée par un mouvement, une vibration infime de l’air (théorie du papillon : le rôle de la vingtième décimale dans la gestion des prévisions), peut modifier radicalement notre environnement. Le chant met aussi en mouvement (émeut) l’être intime, du chanteur et de l’auditeur.

Pinchard encore  (F.Culture, 25/11/04):

La musique est ce basculement par excellence, où l’on passe de l’extrême subjectivité à l’extrême objectivité. La musique nous délivre de ce que nous pourrions avoir de narcissique dans l’expérience intérieure .

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Bavure

Vu sur CNN (ou BBC ?) – en décembre 2005.

A la Nouvelle-Orléans, un homme a été tué par des policiers.

Sur une vidéo d’amateur, on le voit mis en joue par une douzaine de personnes. Un voisin raconte : il était connu dans le quartier pour être bizarre mais pas dangereux.

Il aurait menacé les policiers avec un petit couteau (sic).

Fin du reportage. Interview du porte-parole de la police, qui explique: Les policiers étaient en état de légitime défense (! ?). Ils lui ont demandé de jeter son couteau, il n’aurait pas voulu. On lui a envoyé alors des gaz lacrymogènes, mais sans aucun succès.

Finalement, il s’est mis à chanter d’une façon bizarre – et on a dû l’abattre !

Le journaliste parlait de « bavure ».

Le boum & le hey

Cynthia Loemij, danseuse de la Compagnie Rosas, expliquait que le geste qui fonde le travail de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker est simple et s’illustre en deux interjections : le « boum » et le « hey ».

Le « boum » marque la battue, le point d’impact, le rapport au sol, à la terre, mais aussi à la mort, au « lâcher-prise ».
Le  « hey » est le cri de l’envol, de la posture aérienne, et symboliquement le mouvement de la vie.

Ces deux interjections ne s’illustrent pourtant pas dans un geste, mais s’expriment dans le souffle. Il y a là une belle analogie avec le travail du chanteur : dans le chant, le mouvement d’expiration – qui est celui de la profération, de la mélodie, du cri, … est un geste actif, tandis que le moment de l’inspiration correspond à la détente, à l’ouverture, il doit être le moment parfait du relâchement et de l’inactivité. Et non l’inverse. Le « boum » est donc inspiration, détente du ventre, du visage, reprise d’élasticité et retour vers le sol, ce qui est « en bas » ;  le « hey » est lié à l’expiration active, c’est le chant qui s’élève, le dessin aérien par excellence.