Le poids de la main

Il y a de nombreuses années, j’ai été le spectateur émerveillé d’un ballet de Wim Vandekeybus, Le poids de la main. C’était, pour moi, d’une nouveauté totale, tant par la prise de risque que par la beauté étrange qui émanait de toutes les scènes. J’ai gardé l’écho de cette gravité – poids du corps sur le sol, poids de la main qui percute la table sonorisée et la transforme en instrument, poids des bûches que les danseurs prenaient le risque de se lancer à travers la scène.

En écho, voici la recommandation de Jacques BERQUE au jeune Jean SUR, alors étudiant, qui le questionnait sur son avenir: que dois-je entreprendre ? Augmentez votre poids spécifique.

Et encore, cette note de C.A. CINGRIA, rapportée par Bouvier (Cingria en roue libre, p. 141): Comprenez que pour écrire – signifier – il faut le poids d’abord, le poids juste qui est astral.

Ce « poids juste » est celui de notre incarnation de chanteur, de musicien, sans lequel aucune fondation ne tient et aucun élan n’est possible.

La connaissance comme trajet

En décembre 2002, Paul VIRILIO est l’invité d’une émission de France Culture. Il y parle de la vitesse et du mouvement. Je note au vol certains de ses propos.

La connaissance est liée non seulement à un objet, mais aussi à un trajet. Tout est aujourd’hui en mouvement. Dis-moi ton trajet, je te dirai qui tu es. La victoire est dans le mouvement, dans la vitesse. Nous vivons dans un monde de l’instant, de la relation instantanée1Ce qui prédomine donc : la figure du danseur.