Les Irlandais

Le 14 juin 2012, au stade de Gdansk, l’équipe d’Irlande est opposée à l’Espagne dans le cadre de l’Euro 2012. Les Irlandais sont battus, le score est sans appel 4-0. Vers la fin du match, quand tout est joué, que tout est perdu pour eux, les supporters irlandais – plusieurs dizaines de milliers, entonnent The Fields of Athenry. L’impression est extraordinaire. Le chant fait tout à coup irruption dans le stade et se prolonge de longues minutes, avec un pouvoir d’émotion incroyable. Je découvre quelques jours plus tard que l’UEFA a décidé d’attribuer un prix spécial aux fans irlandais qui ont été « fantastiques » durant l’Euro-2012.

The Fields of Athenry

 

 

Nous écrivons la nature

Cees NOOTEBOOM relate [dans Hôtel Nomade, p.105-121] sa rencontre avec Tim Robinson, mathématicien, cartographe, chroniqueur et peintre, qui a passé douze ans de sa vie dans les îles d’Aran 1, à répertorier les usages, les coutumes, les musiques, les saisons, les paysages, les sentiers, les rochers remarquables, les ruines, les églises magiques, le bruit de cailloux roulés de la langue gaélique, … 2 A la toute fin de ce petit récit, Nootebom cite Robinson. La citation est en tous points remarquable. Elle ouvre une perspective inaperçue sur notre rapport à la nature. Voyez plutôt.

La nature ne sait rien de nous et ne se préoccupe pas de nous. Ce luxe de métaphores que nous avons inventées pour les appliquer à la nature n’est ni plus ni moins qu’une tentative de communication avec la réalité non humaine, tentative vouée à l’échec. Le seul sens qui soit, c’est nous, tout ce que nous lisons dans la nature, c’est nous qui l’avons écrit, nous composons un écrit si grandiose et si polyphonique que, lorsque nous reconnaissons nos propres phrases, nous ne les reconnaissons pas comme écrites par nous.