Miracles

(…) Les miracles sont de la même nature que les éclairs. Ils ne viennent pas seuls, et par attraction vers un point qui palpite, qui appelle. Alors, une énergie de sabots au galop se précipite sur les centimètres d’un corps et va le sauver. Les miracles sont fréquents, ordinaires. Ils soutiennent continuellement la vie et quand elle cesse c’est parce qu’elle a cessé d’envoyer une charge pilote pour servir de guide au miracle. On meurt quand on nous demande plus. Le verbe de la vie, c’est demander, avoir une question, lancer le point d’interrogation vers le haut, assombri ou dégagé. Demander pour forcer la solitude, envoyer loin à voix basse la requête, parce que le souffle et non pas le cri va loin. Demander parce que ne pas demander, c’est capituler.

Erri De Luca, Sur la trace de Nives, p. 84