Dissolution du sens ?

C’est toujours le ténébreux ressac des flots de la musique, plus ancienne que la parole et par cela pré humaine, qui menace – comme la marée descendante, d’emporter le ratio, la pensée qui cherche à s’agripper à la lumière. D’où dans chaque mise en musique d’un texte, la possibilité d’une dissolution nocturne, d’un retour au son pur et vide, la potentialité de l’évacuation du sens (la musique refusant toute paraphrase) – de ce sens dans lequel Adorno situe la spécificité même de l’humain.

George STEINER, Les Logocrates, p.57-58

La pensée comme chorégraphie

Il est intéressant d’étudier les rapports entre mouvement et pensée.

La capacité réflexive, la pensée, sont liées à un mouvement d’arrêt, de retour sur soi, de repli vers soi, qui n’est pas compatible avec le fait d’aller toujours de l’avant. Dans la musique vocale – et notoirement dans le travail de la technique vocale, le double mouvement, complémentaire, contraire, en avant et en arrière, est important. La pensée comme la pratique artistique sont métaphoriquement de la chorégraphie.