Donner une voix

Il y a quelques jours à peine, je lisais la recension des entretiens que Laure Adler a eus avec Erri De Luca (c'est dans le dernier volume de L'Entretien 1). Il reprenait cette idée qu'il avait rendue dans La Parole contraire (je l'avais notée en 2015):

Un proverbe dit: "Donne de la voix pour les muets." Tel peut être le rôle de l'écrivain, donner de la voix pour les muets, et pas seulement inventer des histoires - comme le veut son métier - mais en tant que citoyen, il doit se donner une autre tâche: donner de la voix pour les muets.

Hier, j'ouvre le très beau recueil Amérique - Des écrivains en liberté2 qui débute par une rencontre avec Jim Harrison. La première citation en exergue de ce dialogue est la suivante:

Il faut donner une voix aux gens qui n'en ont pas. Je crois que telle est la responsabilité de l'écrivain.

Responsable

L’autre est visage, tout entier visage. Et devant un visage, je n’ai aucun pouvoir. Je peux seulement, puisque ce visage est aussi parole, tenter de répondre, devenir responsable. Cela vaut pour les rapports d’amour, d’amitié, de collaboration, cela vaut dans la famille comme dans la société.

Olivier Clément

(merci, Cécile, pour cette citation)

L’idée de pluralité

Le respect de la diversité, c’est-à-dire l’idée de la pluralité, est à situer au centre du projet politique à bâtir. Qui dit pluralité dit altérité : hélas, nous ne sommes ni éduqués, ni préparés à cela. Être responsable de la responsabilité de l’autre, selon la formule de Levinas, ne signifie pas un abandon aux illusions idéalistes. (…) Il est donc nécessaire que l’écologie politique favorise les transformations personnelles en éduquant chacun à l’autonomie et à la complexité, car comme le soulignait Edgar Morin : comment songer à améliorer durablement les relations au plan planétaire si nous sommes incapables de transformer nos relations individuelles et donc de nous transformer nous-mêmes ?

Jacques Robin, L’écologie politique et le 21e siècle (2e partie).

L’usage du bonheur

Jean GIONO, dans Les terrasses de l’île d’Elbe1 donne une merveilleuse petite introduction à cette responsabilité du « bonheur des générations futures » !

On comprend alors que le seul moyen de faire le bonheur des générations futures c’est de faire le bonheur de la génération présente. (…) surtout parce que l’usage du bonheur donne des habitudes, crée des tempéraments, produits certaines modifications dans les passions (…).

J’aime beaucoup cette formule, qui est tout lui: « l’usage du bonheur donne des habitudes ».