La gorge, l’intime

L’humanisme de Rabelais reprend au fond tous les points faibles de l’humain et, au lieu de les arrêter en quelque économie de la faute et du salut, en montre la profonde fécondité dans la relation à soi et aux autres. Et peut-être n’a-t-il jamais été aussi rigoureux que lorsque dans sa lignée gigantale, il a identifié la gorge comme le point le plus sensible et le plus résonnant de l’être humain. « Pantagruel les prend à la gorge », c’est le trait le plus constant de la légende de Pantagruel avant même le roman rabelaisien. Après le travail d’élaboration du Maître chinonais, la gorge, qui est à la fois attente du Graal et point géométral de tout le cosmos, s’associe à un mot universel, TRINCH, « trinque », aux lettres susceptibles de toutes les permutations kabbalistiques, et c’est à cette gorge ouverte à la libre circulation entre le haut et le bas que reviendra la charge d’articuler le cri primordial, celui qui unit les hommes partageant la souffrance et le plaisir, invoquant Dieu dans toutes les langues du monde et accédant à la contemplation de la Nature dans toutes ses forces invisibles.

Bruno PINCHARD, Un tour du monde avec Rabelais, Dossier de l’ISH.

Intéressant, éclairant toujours, … pour les praticiens de la gorge ! J’ai « mal à la gorge » ? « Voix de gorge », « à gorge déployée », « la blancheur de votre gorge », … C’est l’intimité  qui est déployée. Ce qui explique aussi les pudeurs, les craintes, les angoisses, … dans la pratique vocale.

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