L’agression

Je ne me souvenais pas de cet événement, que rappelle Sandrine Bonnaire dans le livre d’entretiens qu’elle vient de publier (Le soleil me trace la route). En 2000, durant le tournage du film C’est la vie, elle passe quelques jours de détente à Paris. Elle est victime d’une agression extrêmement violente, qui la laissera défigurée, le visage totalement défait. Elle explique qu’on a voulu lui enlever son sourire.

Trois sortes d’acteurs

Il y a plusieurs sortes d’acteurs.
D’abord ceux qui ne savent que mimer les sentiments de leur personnage.

Ensuite il y a ceux qui ont en eux une violence telle qu’ils peuvent la livrer sur scène. Ceux-là ont généralement l’air de lions en cage. Ils expriment une rage effrayante qui vous entraîne mais à laquelle il est difficile d’adhérer comme spectateur. … Ou comme partenaire.

Enfin, il y a ceux – plus rares et plus fragiles, qui trouvent en eux-mêmes les blessures et les failles qui vont les mettre à jour plus sûrement. Ceux-là vous bouleversent parce qu’ils vous offrent leur propre bouleversement. Ils vous touchent. De ceux-là, vous pouvez tomber amoureux. Brusquement, par surprise, quand votre corps s’aperçoit qu’il est littéralement transporté. Ceux-là, oui, quand vous les voyez, quand vous les entendez sur une scène, vous êtes transporté.

L’étrangère, film de Florence Colombani, à 29’15 »  (ce film est disponible sur Universciné)

Des coups au visage

Il est rapporté, dans presque tous les témoignages documentés1, que la violence faite aux femmes se porte d’abord au visage et au ventre. Je suis saisi par le fait que ce sont les zones les plus expressives de l’humain, les plus vulnérables comme les plus symboliques, qui sont ainsi frappées, mais aussi parce que ce sont les centres du chant: le ventre et le visage – l’énergie et l’expression, la force et l’émotion. Ce n’est pas un hasard.

Pas un hasard non plus d’entendre, lors d’une représentation des Barbares de Maxime Gorki, dans la 3e partie, Anna Fiodorovna revenant vers son mari, qui raconte ce qu’elle a vu « là-bas »: des enfants maltraités, des femmes battues « à coups de poing sur les yeux, sur la bouche, … dans le visage, à coups de pieds dans le ventre ».