Le son que personne d’autre n’entend

Dans les livres on lit que parfois, et à certaines périodes de l’année, par des mouvements spontanés, les étoiles, en s’approchant du soleil, dilatent leurs ceintures lumineuses. Aussi arrive-t-il qu’occupant un espace inhabituel et plus vaste, certaines d’entre elles se touchent et que le monde en résonne. Comme la clarine d’un troupeau qui marche et marche dans la nuit, jusqu’au fleuve; et à la naissance de l’aube, le son, en s’éloignant, se fait de plus en plus reculé, de plus en plus d’outre-tombe, et devient un son au-dedans de nous que personne d’autre n’entend.

Domenico REA, La fille de Casimiro Clarus

A chaque voyage

Comme dans tout voyage il y a
un silence qui va avec
jusqu’à la fin allons
les uns avec les autres
même si le soleil avec ses chorales de distance
monte entre nous même s’il
devait rester là suspendu le passé comme le jour
qui brûlerait sans émoi à jamais
et nous seuls nous continuerions
chacun en soi chacun sans rien
qu’un silence.

William S.MERWIN, Écrits au gré d’un accompagnement inachevé, p. 31, Cheyne éditeur.

Le total silence

Par analogie, une métaphore du travail musical, aussi ?

Je fore, je creuse,
je creuse dans le silence
ou plutôt, dans du silence.
Celui qu’en moi je fais.
Et je fore, je creuse
vers plus de silence,
vers le grand,
le total silence en ma vie
où le monde, je l’espère,
me révèlera quelque chose de lui.

GUILLEVIC, Notes nocturnes