La pensée cosmologique des anciens Mexicains

La pensée cosmologique mexicaine ne distingue pas radicalement l’espace et le temps; elle se refuse surtout à concevoir l’espace comme un milieu neutre et homogène, indépendant du déroulement de la durée. Elle se meut dans des milieux hétérogènes et singuliers, dont les caractéristiques particulières se succèdent selon un rythme déterminé d’une manière cyclique. Il n’y a pas pour elle un espace et un temps, mais des espaces-temps où les phénomènes naturels et les actes humains sont plongés, s’imprégnant des qualités propres à chaque lieu et à chaque instant. Chaque « lieu-instant », complexe de sites et d’événements, détermine d’une façon irrésistible et prévisible tout ce qui s’y trouve placé.

Les plis du temps, p. 39 – Citation de J.Soustelle, La pensée cosmologique des anciens mexicains, 1940

Le rythme – la cadence – le temps

Rythme, cadence. Le rythme est de l’ordre de la figure fluide, de la poussée, du pulsionnel ou du pulsatif, du pouls. La cadence, de l’ordre du battement, de la battue des temps, de la montre. Le continu et le discontinu du temps, ou bien le temps/les temps.

Jean-Luc Nancy et Mathilde Monnier, Allitérations, p. 113

L’allure du temps

Pierre Bergounioux cite1 Charles Vildrac qui, dans les années 30, déplore déjà qu’une vie d’homme ne soit plus contenue dans une époque mais en contienne, dit-il, trois ou quatre dont aucune n’a eu le temps de s’épanouir dans la durée bien qu’elle se cristallise en nous.

Marcel Detienne2 a relevé, chez Michelet, en 1872: Un des faits d’aujourd’hui les plus graves, les moins remarqués, c’est que l’allure du temps a tout à fait changé. Il a doublé le pas d’une manière étrange.

Et Fabio Merlini3 cite Campanella qui s’en préoccupait déjà en 16024: (…) c’ha più istoria in cento anni che non ebbe il mondo in quatro mila; e più libri si fecero in questi cento che in cinque mila (…).