La troisième fois ça marche (san do me no shoojiki), dit un adage. Mais il y en a un autre au cas où ça marche dès la deuxième fois.
Ito NAGA, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, p. 51
La troisième fois ça marche (san do me no shoojiki), dit un adage. Mais il y en a un autre au cas où ça marche dès la deuxième fois.
Ito NAGA, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, p. 51
Dans Cinq méditations sur la beauté (p. 26), François CHENG évoque le fait que la beauté nous paraît presque toujours tragique — hantés que nous sommes par la conscience que toute beauté est éphémère.
De même, dans le grand récit héroïque japonais, dit du Genji, s’exprime ce sentiment douloureux de la beauté que les Japonais appellent «mono no aware».
C’est le sentiment que nous pouvons ressentir devant l’œuvre d’art, cette conjonction d’émerveillement et de souffrance, celle qui naît du sentiment de la fugacité de ces instants de bonheur irrépressible, puissant.
La lecture du petit livre de Ito Naga 1 m’amène à ajouter [juillet 2015] cette citation:
Mono no aware, c’est l’émotion que l’on éprouve devant les changements subtils de la nature.
Mais Ito Naga ajoute, sibyllin:
Il se trompe en pensant que Mono no aware signifie « nostalgie », mais on devine pourquoi il pense ainsi.
Un auteur japonais m’a écrit que sa vieille mère, à Fukushima, va bien. Après ces catastrophes, certains livres sont soudain devenus pour lui inintéressants, sans qu’il puisse dire pour quelle raison. Il a commencé à dresser une liste des livres « résistants aux séismes », c’est-à-dire des livres qui gardent leur valeur au-delà des catastrophes.
Yoko Tawada, Journal des jours tremblants, p. 97
J’aime cette façon de considérer soudain sa bibliothèque sous un nouvel angle. Diable, le critère de sélection risque d’être radical !
Être un hôte (客), c’est être un objet (客体). La langue japonaise ignore les notions de sujet et d’objet. Aussi fallut-il créer des mots nouveaux à partir d’idéogrammes chinois. Le mot employé pour « sujet », shutai (主体) se compose du signe renvoyant à l’hôte donnant l’hospitalité (主) et de celui signifiant « corps » (体). Pour moi le sujet est donc le corps de celui qui accorde l’hospitalité. L’objet, lui, ressemble au corps de l’hôtesse recevant l’hospitalité.
Yoko Tawada, Trois leçons de poétique, p. 56