Et que disent-ils de la beauté ?

Merveilleuse diversité, qui éclaire notre pratique et modifie notre sensibilité...

Sylvie Crossman & Jean-Pierre Barou, Enquête sur les savoirs indigènes, Les Navajo: un peuple médecin, p. 143

Les auteurs notent que le mot hozho, dans la langue des Navajo, signifie à la fois beauté et santé.

En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). A la façon d'une senteur.

Ito Naga, Iro ma ka mo, la couleur et le parfum, p.12

La beauté et la peur

J’extrais ce passionnant ouvrage, le 2e volume de Partages, de André Markowicz. Il est fait de ses chroniques publiées régulièrement sur Facebook depuis 2013. J’y reviendrai par ailleurs, notamment sur le rôle du traducteur – Markowicz est un traducteur/auteur exceptionnel. Dans son article daté du 9 septembre 2014, il parle de Macbeth, la pièce de Shakespeare et en particulier du son.

Il note, et je suis saisi par cette évidence:

Macbeth est une pièce qui fait peur, et c’est une pièce sur la peur. – Pas seulement la peur de la mort, la peur du sang, la peur des fantômes ou de ses propres fantômes. Non, la peur de la beauté, peut-être… La beauté comme élément insupportable. La réaction de Nastassia Filippovna devant l’Idiot. Ce que Rilke devait résumer en une formule: Jeder Engel ist schreklich – « chaque ange est terrible ».

Les risques du métier

J’aime les films de J.Bond. Les plus anciens sont des pièces d’anthologie, même si aujourd’hui la violence cynique et les effets spéciaux dont ils n’étaient pas encore chargés les remisent au rayon des jeux d’enfants. Un des films de la période intermédiaire [The world is not enough – 1999], celle de l’emblématique Pierce Brosnan, offre une scène érotico-romantique entre le célèbre 007 et la belle Sophie Marceau. Ils sont au lit, après l’amour – du moins peut-on le déduire, et elle le questionne: James, quand vous ne travaillez pas pour la couronne britannique, à quoi passez-vous votre temps ? Il répond: « I take pleasure … in great beauty », ce qui est à la fois une esquive mais aussi un joli compliment.

Mais par un de ces raccourcis dont les sous-titres sont coutumiers, cette réplique pleine de charme s’est soudain transformée en un méprisant « Je m’occupe … autant que possible », qui relève d’une incroyable goujaterie, et le spectateur francophone peut être légitimement surpris que Sophie Marceau ne se lève pas pour le gifler !

Moralité: ne regardons que les films en V.O.