Les risques du métier

J’aime les films de J.Bond. Les plus anciens sont des pièces d’anthologie, même si aujourd’hui la violence cynique et les effets spéciaux dont ils n’étaient pas encore chargés les remisent au rayon des jeux d’enfants. Un des films de la période intermédiaire [The world is not enough – 1999], celle de l’emblématique Pierce Brosnan, offre une scène érotico-romantique entre le célèbre 007 et la belle Sophie Marceau. Ils sont au lit, après l’amour – du moins peut-on le déduire, et elle le questionne: James, quand vous ne travaillez pas pour la couronne britannique, à quoi passez-vous votre temps ? Il répond: « I take pleasure … in great beauty », ce qui est à la fois une esquive mais aussi un joli compliment.

Mais par un de ces raccourcis dont les sous-titres sont coutumiers, cette réplique pleine de charme s’est soudain transformée en un méprisant « Je m’occupe … autant que possible », qui relève d’une incroyable goujaterie, et le spectateur francophone peut être légitimement surpris que Sophie Marceau ne se lève pas pour le gifler !

Moralité: ne regardons que les films en V.O.

Mémoires indiennes

Le film de Arthur LAMOTHE, Mémoire battante (1992), est un très long document sur ce qui restait de la vie traditionnelle des Indiens Montagnais dans le Nord Québec, à la fin des années 60 et dans le courant des années 70, au moment où il a réalisé ce reportage: la vie dans la réserve, la vie sauvage, la chasse, les pratiques rituelles (la « suerie », …) , l’évocation des rites (la « tente tremblante »), la langue, le vocabulaire extrêmement subtil qui touche à la nature, à la géographie des lieux, aux pratiques rituelles, …

En écho, je me souviens d’avoir vu, il y a quelques années, un autre film canadien: Voyage en mémoires indiennes, de Jo BERANGER (2004). C’est le long parcours du souvenir de l’acculturation violente subie par de nombreux enfants, arrachés à leurs parents, à leur vie, pour être « civilisés » de force dans des écoles animées par des congrégations religieuses.
Voir à ce sujet: les excuses officielles du gouvernement canadien, en 2008, comme condition de réconciliation.

Ce film présente aussi une expérience tout à fait originale d’école reprise et gérée entièrement par une communauté indienne du centre du Canada: le Blue Quills First Nations College. Un modèle (unique ?) de prise en charge de l’éducation des enfants des « peuples premiers », dans le respect de leurs traditions ancestrales. A voir.1

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