C’est splendide, à vrai dire, d’entendre vibrer comme vibre un bocal dangereusement significatif cet instrument étourdissant qu’est un être.
Charles Albert CINGRIA
Il y a plus de chemins et d’horizons dans le tremblement et la fragilité que dans la toute-force.
Edouard GLISSANT, L’intraitable beauté du monde.
Le monde, comme nous l’a appris le philosophe Edmund Husserl, naît d’une « prestation subjective », d’un flux ininterrompu de conscience, d’une donation de sens.
Que surviennent un accès de lassitude, une baisse du ton vital et le vaste ensemble à l’édification duquel nous travaillons sans relâche ni cesse, se défait. Il n’en reste qu’un détail.
Pierre BERGOUNIOUX, Les restes du monde, p. 59
Ce détail, par la mention duquel Bergounioux clôt son petit ouvrage, me parle: c’est précisément l’objet, l’image, l’instant à partir desquels tout peut renaître. L’élan du créateur, comme celui du souvenir. Son isolement, sa fragilité ne sont rien devant sa puissance d’évocation.
Que faire, sinon attendre, espérer malgré tout, se souvenir de ce qui se passe en nous de profondément inconnu, mais exigeant. Cette énigme tenace, cette réserve éblouie, cette familiarité dont nous ne saurons rien, sinon qu’elle nous restitue ce qui nous est étrange.
Jean-Claude PIROTTE, Boléro, p.97