L’adhésion aimante à l’œuvre d’un autre coïncide avec la naissance du moi poétique. Pour dire mieux, la saisie passionnée de l’œuvre étrangère permet la dépossession créatrice par laquelle l’individu se fait poète.
Jean Starobinski
La poésie est au sens propre une parole inouïe – aussi loin que possible de la « répétition du même » et aussi proche que possible de l’intime dans ce qu’il a de plus inédit.
L’adhésion aimante à l’œuvre d’un autre coïncide avec la naissance du moi poétique. Pour dire mieux, la saisie passionnée de l’œuvre étrangère permet la dépossession créatrice par laquelle l’individu se fait poète.
Jean Starobinski
J’ai été un militant politique et syndical actif. Sans renier mes convictions, j’ai choisi ensuite d’agir dans et par la poésie. Parce que j’ai foi en la poésie, en sa capacité à hausser les consciences, et que je crois comme Giuseppe Conte que « la poésie est la première forme de résistance spirituelle ». Parce qu’elle subvertit la langue commune et les représentations molles de la réalité, elle est une objection fondamentale à l’affaiblissement des consciences. Non pas tant en raison de ce qu’elle dit, mais de ce qu’elle est.
Jean-Pierre SIMEON, Un art du partage
L’œuvre littéraire est une de ces menues portions en quoi l’existant se cristallise, prend forme, acquiert un sens qui n’est nullement figé, ni définitif, ni raidi dans une immobilité minérale, mais aussi vivant qu’un organisme. La poésie est la grande ennemie du hasard, bien qu’elle-même fille du hasard, et consciente qu’en dernière instance il gagnera la partie.
Italo CALVINO, Leçons américaines, p.116
Il est toujours ahurissant de constater que ce sont les mots de la LANGUE QUOTIDIENNE que nous employons également dans le poème. (…) Oui, même le poème comme totalité, et justement celui-là, acquiert une nouvelle « clarté » dans le cadre du langage quotidien. D’où cela peut-il bien venir ? Certainement du fait que chaque poème est INSULAIRE, c’est-à-dire existe hors du désordre infini du réseau langagier quotidien, et que, grâce à cet isolement et à cette insularité, chaque objet a justement une chance d’atteindre la beauté (…).
Günther ANDERS, Écrire de la poésie aujourd’hui, in Conférence n°21, automne 2005