Cette durable rumeur d’essieux

Et maintenant je te quitte de nouveau, il reste devant moi ce voyage, cette durable rumeur d’essieux et le passage, à peine en dehors de nous, de tous les lieux les plus désirés mais qui ne s’attardent pas et nous confient seulement pour une seconde leur beauté, afin qu’indistincte et muette, elle nous tente plus tard, et soit la source d’un poème.

Gilbert ROSSA, Lettre à Maurice Chappaz – 25 août 1941, in Conférence n°21

Le poème est insulaire

Il est toujours ahurissant de constater que ce sont les mots de la LANGUE QUOTIDIENNE que nous employons également dans le poème. (…) Oui, même le poème comme totalité, et justement celui-là, acquiert une nouvelle « clarté » dans le cadre du langage quotidien. D’où cela peut-il bien venir ? Certainement du fait que chaque poème est INSULAIRE, c’est-à-dire existe hors du désordre infini du réseau langagier quotidien, et que, grâce à cet isolement et à cette insularité, chaque objet a justement une chance d’atteindre la beauté (…).

Günther ANDERS, Écrire de la poésie aujourd’hui, in Conférence n°21, automne 2005