Emil Cossetto

Avec respect.

Le 29 juin 2006, j’apprends avec une tristesse infinie le décès d’Emil Cossetto. Celui que nous nommions Maestro Cossetto s’est éteint après une longue maladie. Je l’avais revu quelques mois auparavant, immobilisé sur son lit à Zagreb, et lui que l’on m’avait dit fort diminué m’était alors apparu comme un homme plein de vie et de projets, parlant avec une émotion extraordinaire d’un opéra qu’il était en train de composer quand une attaque l’avait laissé à moitié paralysé.

Emil Cossetto était un homme d’une humanité profonde, riche, d’une énergie toujours renouvelée, d’une grande exigence pour lui-même, dans son travail de compositeur, comme dans la direction de choeur. Tous les anciens choristes de Joža Vlahović ou de Moša Pijade (les 2 chœurs principaux qu’il a dirigés pendant près de 60 années !) en parlent avec le plus grand respect.

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Être des praticiens

(…) Il nous vient alors l’idée sombre, exagérée certainement, que – malgré les années nombreuses à creuser notre sillon, faire des découvertes et entretenir des fidélités – personne ne nous attend.  C’est certes désolant pour le commerce, mais combien réjouissant pour l’esprit: quelle liberté ! Nulle commande à honorer, nulle contrainte extérieure à observer, nulle mission à remplir, seulement le plaisir de transmettre, des textes, des œuvres, en véritables amateurs. Voilà une tâche qui ne peut guère peser ni lasser, si l’on met de côté les dures questions d’économie. Personne ne nous attend: raison de plus pour poursuivre. Mettons de côté et poursuivons.

Prospectus des éditions Le Temps qu’il fait, n°55 (2005)

A transposer dans toute pratique amateur, la formulation: « personne ne nous attend » (que nous mêmes) – « nulle mission à remplir » (sauf celle que nous nous donnons à nous-mêmes). Ce qui ne veut pas dire: rien, mais ce qui donne la mesure de l’exigence, pour autant qu’on en ait pour soi-même.