Pour le moment, je désirerais seulement qu’on me fît comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d’un Tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal, s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire.
Étienne de LA BOETIE, Discours de la servitude volontaire
et en écho, la pertinence de cette note de Günther ANDERS:
Notre obéissance est d’autant plus grande que nous sommes sûrs de notre illusion de la liberté.
Je complète, un peu plus tard [septembre 2011].
Beccaria le disait admirablement, il y a fort longtemps: « Les esprits des hommes, comme les fluides, se mettent toujours au niveau des objets qui les entourent. » On mesure la réussite d’une idéologie non pas à ce qu’elle parvient à imposer aux esprits, mais à ce qu’elle n’a pas besoin de leur imposer parce qu’ils le font désormais spontanément.
Christophe CARRAUD, Une gêne, Conférence n°32, p.320