Zagreb, Glavni kolodvor

Zagreb1

Je me souviens de ce premier rendez-vous avec Vesna, devant la gare de Zagreb, après 18 heures de route depuis la Belgique. C’était à la fin de l’été 1978. Nous étions insouciants, j’avais roulé sur ces routes inconnues, toute la nuit, tout le jour, sans m’arrêter et j’arrivais dans cette ville pour la première fois.

Je me souviens aussi de cette nuit d’hiver, nous devions prendre un train pour la Slovénie, puis Salzburg et Munich. Je ne savais encore rien de cette langue et les haut-parleurs annonçant le retard parlaient dans le vide glacé. Nous avons passé des heures sur les quais à attendre ce train. Quand il est arrivé, les couloirs étaient encombrés de congères, les rideaux gelés cognaient dans le vent de la course nocturne contre les vitres que le froid avait bloquées. En comparaison, les compartiments surchauffés où s’entassaient les dormeurs, sentaient le suint, la transpiration, l’oignon et la viande séchée que des paysannes déchaussées nous proposaient.

Je me souviens de cette gare, que depuis j’ai revue tant de fois. Ces arrivées au soir tombant, après plus de vingt heures de train. Le changement à Munich, les paysages lentement déroulés d’Autriche et de Slovénie, quand le train se hissait au flanc des vallées. La locomotive qu’on changeait à la frontière croate – même en Yougoslavie, les états fédérés n’assuraient le service que sur leur territoire.

Et d’autres rendez-vous, et d’autres attentes, et des départs …

Je me souviens de cette gare.