NYC, Grand Central

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Chaque fois que je retourne à New York, la gare de Grand Central1 est le premier point d’appui de mon parcours à Manhattan. J’y débarque du bus qui vient, à travers les express ways, de l’aéroport JFK. J’y prends le train sur la ligne de l’Hudson, qui longe le fleuve vers le Nord. Et chaque jour, j’y reviens. J’aime cette gare, surtout pour sa partie centrale, l’incroyable espace qui s’ouvre sur la salle des pas perdus où tant de gens se croisent, se donnent rendez-vous, dans une atmosphère que je trouve presque toujours festive, lumineuse et confusément sonore. Les couloirs d’accès comme le sous-sol sont une véritable caverne des tentations: on y trouve toute la variété que la planète peut offrir de nourritures odorantes, adaptées aux formats américains. Et, dans la semaine d’Halloween, des boutiques de pâtissiers dont les gâteaux monstrueux écrasent sur des vitrines encombrées leurs énormes panses oranges. Qui peut bien manger ça ?

On ne descend sur les quais qu’au moment d’embarquer, après s’être procuré un tchaï latte ou un capuccino dans un gobelet de carton. L’espace est surchauffé et ronfle de ventilateurs et de moteurs diesels bruyants. Mais, au retour, quand on émerge dans le hall majestueux, c’est chaque fois le même plaisir, à contempler la voûte étoilée de constellations.

  1. Ce nom presque français est en équilibre instable entre deux langues, dont les usagers essayent tant bien que mal de le prononcer pour se rapprocher de l’autre langue. Le résultat est assez étrange, et prête plutôt à confusion. Le new-yorkais moyen a probablement la très fugitive impression que Grand Central n’est pas une expression anglo-saxonne, et l’usager francophone tente d’adapter la sonorité à ce qu’il imagine être une forme de laisser-aller souple et engorgé, qu’aucun Américain ne reconnaîtra. Je ne suis toujours pas parvenu à laisser fondre complètement ce bonbon dans ma bouche. Chaque visite m’est un nouvel essai.