243 Riverside Drive

Il y a quelques années – mais, réellement, je ne me souviens plus par qui, comment, par où -, je suis venu à la lecture de Uwe Johnson. Mon premier achat – le fichier détaillé que je tiens de ma bibliothèque me l’indique -, a été (le 27 août 2013) celui du volume I de Une année dans la vie de Gesine Cresspahl1, un monumental roman dont l’écriture m’a immédiatement fasciné. Je me suis rapidement mis à la recherche des autres tomes – il y en a quatre, dans la collection « Du Monde entier » chez Gallimard, édités entre 1975 et 1992 pour le dernier. Ils sont tous épuisés et, pendant longtemps, je n’ai trouvé trace que des tomes III et IV, le deuxième volume restant introuvable. Finalement, j’ai pu mettre la main sur l’ensemble chez différents libraires d’occasion.

De passage à New York, en janvier 2017, je vais en pèlerinage sur les traces de Gesine Cresspahl et de Uwe Johnson lui-même. Il situe en effet l’intrigue du roman dans un immeuble où il a vécu, sur le côté ouest de Manhattan, au bord de l’Hudson, face au New Jersey, au 243 du très fameux Riverside Drive. C’est une fin d’après-midi de janvier, magnifique, lumineuse, dans un quartier rempli d’immeubles tous plus incroyables les uns que les autres. Avec des frises, des balcons perchés à des hauteurs que le passant ne peut avoir dans son champ de vision que s’il se tord le cou. De la décoration volubile, inspirée des maisons romaines, des tours toscanes, des cathédrales gothiques, inutile, gratuite, inaccessible. Des folies, comme seule New York sait se donner.

Voici quelques photos de ce petit voyage en fiction.

Ciels d’Edinburgh

En octobre dernier, escapade de quelques jours à Edinburgh où je n’étais plus allé depuis des années. Le temps était à la pluie mais traversé de grandes éclaircies soyeuses dans la lumière de l’automne écossais.

Voici le ciel de pluie sur la vieille ville et le château. Et voici le ciel de la bibliothèque de la Scottish National Portrait Gallery, qui m’évoque immanquablement le plafond constellé de la gare de New York, Grand Central. Correspondances stellaires dans les yeux du voyageur, que sa fatigue et le dépaysement imprévu rendent presque mystérieuses.

NYC, Grand Central

Chaque fois que je retourne à New York, la gare de Grand Central1 est le premier point d’appui de mon parcours à Manhattan. J’y débarque du bus qui vient, à travers les express ways, de l’aéroport JFK. J’y prends le train sur la ligne de l’Hudson, qui longe le fleuve vers le Nord. Et chaque jour, j’y reviens. J’aime cette gare, surtout pour sa partie centrale, l’incroyable espace qui s’ouvre sur la salle des pas perdus où tant de gens se croisent, se donnent rendez-vous, dans une atmosphère que je trouve presque toujours festive, lumineuse et confusément sonore. Les couloirs d’accès comme le sous-sol sont une véritable caverne des tentations: on y trouve toute la variété que la planète peut offrir de nourritures odorantes, adaptées aux formats américains. Et, dans la semaine d’Halloween, des boutiques de pâtissiers dont les gâteaux monstrueux écrasent sur des vitrines encombrées leurs énormes panses oranges. Qui peut bien manger ça ?

On ne descend sur les quais qu’au moment d’embarquer, après s’être procuré un tchaï latte ou un capuccino dans un gobelet de carton. L’espace est surchauffé et ronfle de ventilateurs et de moteurs diesels bruyants. Mais, au retour, quand on émerge dans le hall majestueux, c’est chaque fois le même plaisir, à contempler la voûte étoilée de constellations.

From Grand Central to Irvington on Hudson

Le dimanche 28 mars 2010, une fin d'après-midi, froid et pluvieux. Je fais, une nouvelle fois, le trajet entre la gare de Manhattan, Grand Central, et le village de Irvington, au bord de l'Hudson.

Le long du fleuve, le train de la MTA s'arrête dans toutes les gares - Spuyten Duyvil, Riverdale, Ludlow, Yonkers, Dobbs Ferry... dont les noms trahissent l'origine lointaine, de l'autre côté de l'Atlantique, dans le vieux continent.  Le ciel est gris et sombre, il n'y a que quelques voyageurs sous les lampes claires des compartiments. J'enregistre des images.