Le livre est une maison

Dans une émission récente – le 6 mai 2010, Geneviève Brisac présentait son dernier livre, Une année avec mon père. Elle a eu cette réflexion: le livre est comme une maison. Et ce n’était pas, dans son propos, simple métaphore. Elle évoquait directement le signe du V inversé, l’image du livre qu’on dépose, et qui figure – au sens propre – un toit. Comme le signe chinois.

J’ai trouvé la coïncidence assez belle: Mahmoud Darwich rappelle1 que le même mot arabe (bayt) désigne la maison et le vers du poème. Il est aussi intéressant de noter que la parenté – étymologique et symbolique, est attestée entre le tissu, le tressage et la maison. Le texte est, à proprement parler, un tissage, et donc – depuis des temps très anciens, apparenté à l’abri des hommes, la réservation physique de l’espace 2, l’enclos, le toit, la maison.

Il y aurait beaucoup à dire, ensuite, sur le livre-maison, le livre-cocon, celui qu’on réserve au compagnonnage nocturne, celui qui couvre le visage endormi, comme le couvercle des rêves… Et le livre, encore, comme tissage, entrelacs patient, élaboration de soi…

  1. Entretiens sur la poésie, p. 78
  2. Jacques BRIL, Origines et symbolisme des productions textiles – de la toile et du fil, p.15