L’herbe

Si immensément données lui ont été la vie et la sensibilité que l’herbe en même temps, plus que le désert encore, quand elle a de grandes étendues, déploie sous nos yeux l’image d’un monde sans noms, d’où nous serions absents, et c’est cette immensité sans nom qui frissonne et soulève le coeur, comme un appel qui ne nous appelle pas, et se tait.

Jean-Christophe BAILLY, Le propre du langage, p. 94

Je me souviens de l’espace infini de l’herbe. Du moins est-ce aussi un souvenir composé par la nostalgie d’un pays inconnu mais familier, celui de la prairie comme étendue sans limite des plaines herbeuses de Hongrie, où pointent, à intervalle régulier, les puits à balancier; de Saxe, de Prusse orientale, de Pologne, à perte de vue. Tentation de l’Est, d’une origine rêvée. Mais je ne connais pas encore les plaines de l’Ouest du Canada, des Etats-Unis, ni les grandes plaines de Russie, et, plus à l’orient encore, la Mongolie, …

Nulle part, terre promise

La rencontre esquissée de trois itinéraires à travers l’Europe: une jeune femme, partie vers l’Est, attendant en vain l’appel d’un homme qu’elle devrait rejoindre, … elle capte les images de ses rencontres; un homme, cadre dans une entreprise industrielle, chargé d’organiser la délocalisation d’un atelier en Hongrie; un père et son enfant, voyageant dans des semi-remorques, depuis le Kurdistan, pour rejoindre désespérément l’Angleterre. Leurs destins se croisent dans ce film superbe de Emmanuel Finkiel.

Et le vieil homme rencontré dans le train dit: Si tu n’es pas capable de te souvenir, tu pourras porter un meilleur manteau, tu auras toujours froid.

La bande annonce du film