C’est toujours le ténébreux ressac des flots de la musique, plus ancienne que la parole et par cela pré humaine, qui menace – comme la marée descendante, d’emporter le ratio, la pensée qui cherche à s’agripper à la lumière. D’où dans chaque mise en musique d’un texte, la possibilité d’une dissolution nocturne, d’un retour au son pur et vide, la potentialité de l’évacuation du sens (la musique refusant toute paraphrase) – de ce sens dans lequel Adorno situe la spécificité même de l’humain.
George STEINER, Les Logocrates, p.57-58