Sebald féerique

Ma découverte de W.G. SEBALD date d’il y a quelques années à peine. Je me demande encore comment j’ai pu ignorer ses livres aussi longtemps. Mais le bonheur de cette découverte tardive me rassure sur la possibilité qu’il me reste de faire encore d’autres découvertes aussi passionnantes, parmi les écrivains dont les oeuvres sont déjà accessibles, sans compter tous ceux qui vont encore apparaître dans le temps qu’il me reste de vivre. Avec Sebald, je n’ai que le regret de sa disparition prématurée qui nous prive probablement de beaucoup d’autres ouvrages, dont l’imagination peut établir ainsi une liste rêvée. Mais les livres disponibles me comblent déjà, d’un plaisir renouvelé à chaque lecture.

On a beaucoup écrit sur Sebald, sur l’ambiguïté délicieuse de ses récits qui mêlent – sans qu’on puisse les partager, l’histoire et la fiction, entretenant, avec un plaisir d’auteur que l’on soupçonne, la confusion du lecteur grâce à la production de documents photographiques comme autant de preuves dont on devine pourtant le caractère fabriqué. Mais nous voulons croire à tout cela, tellement heureux qu’on nous raconte des histoires !

J’ai découvert récemment, en relisant Les Anneaux de Saturne 1, que Sebald maniait aussi avec une immense virtuosité l’art de la féerie. Dans de nombreux passages, le réel semble se dissoudre ou, plus exactement, comme dans les contes de notre enfance, le merveilleux s’installe dans le récit avec autorité.

En voici un témoignage, dans cet extrait que j’ai enregistré après en avoir fait la lecture, un soir d’hiver, à mes amis de La Bocca 2

Écoutez ici:

  1. Actes Sud, 1999
  2. C’est une association de lecteurs « à voix haute », active à Lille et dans le Nord.