Le voyage de l’âme

Nous ne pouvons courir de lieu en lieu sans perdre quelque chose, passer vite d’un endroit à l’autre toute notre marchandise et changer de travail en une minute comme il nous plaît. Rien n’est plus long à voyager que l’âme. Et c’est lentement, s’il se déplace, qu’elle rejoint le corps. (…)

Jean COCTEAU, La difficulté d’être.

Cette citation intervient dans une très belle émission d’entretien avec Claude Virilio, diffusée sur la Première (RTBF – Par ouï-dire, 20 août 2009).

Séparation

Le monde devenait de plus en plus vaste, de plus en plus lumineux; il s’étendait de plus en plus loin au fur et à mesure que le voyageur avançait. Partout où le portaient ses pas, des milliers et des milliers de créatures étaient dans l’allégresse.

A.STIFTER, L’Homme sans postérité

 

Le temps perdu ?

Tu ne le sais pas encore. La musique n’est jamais du temps perdu. Elle est  la perte.

Vincent DIEUTRE, dans ce film étrange et fascinant – touchant aussi, pathétique parfois – qu’il a appelé Mon voyage d’hiver (à la minute 39’20 »). La musique y est magnifique, Schubert, Beethoven, … qui souligne cette errance dans l’hiver d’une Allemagne chargée de souvenirs, ceux du narrateur et ceux de l’Histoire, pesante.

A chaque voyage

Comme dans tout voyage il y a
un silence qui va avec
jusqu’à la fin allons
les uns avec les autres
même si le soleil avec ses chorales de distance
monte entre nous même s’il
devait rester là suspendu le passé comme le jour
qui brûlerait sans émoi à jamais
et nous seuls nous continuerions
chacun en soi chacun sans rien
qu’un silence.

William S.MERWIN, Écrits au gré d’un accompagnement inachevé, p. 31, Cheyne éditeur.