Diversité I

Des ambiguïtés du mot « diversité ».

Eric Hazan rappelle que les promoteurs de la « charte de la diversité » (Institut Montaigne, Claude Bébéar)  sont soutenus par Yazid Sabeg, Président de l’entreprise de télécoms CS (Communications et systèmes), spécialisée dans les systèmes de surveillance sophistiqués, d’application essentiellement militaire !

 

Le mot a la même ambiguïté que « multiculturalisme » : on prône la diversité, ce qui ne dérange évidemment personne, et dans le même mouvement on justifie que « l’accueil et l’ouverture », soient mis en oeuvre diversement selon cette diversité — la « lutte contre toutes les formes de discrimination » étant le paravent rhétorique habituel. Prôner le multiculturalisme dans une société rongée par l’apartheid rampant, se féliciter de la diversité alors que l’uniformisation et l’inégalité progressent partout, telle est la ruse de la LQR.

Eric Hazan, LQR La propagande du quotidien, 2006, pp. 46-50

L’idée de pluralité

Le respect de la diversité, c’est-à-dire l’idée de la pluralité, est à situer au centre du projet politique à bâtir. Qui dit pluralité dit altérité : hélas, nous ne sommes ni éduqués, ni préparés à cela. Être responsable de la responsabilité de l’autre, selon la formule de Levinas, ne signifie pas un abandon aux illusions idéalistes. (…) Il est donc nécessaire que l’écologie politique favorise les transformations personnelles en éduquant chacun à l’autonomie et à la complexité, car comme le soulignait Edgar Morin : comment songer à améliorer durablement les relations au plan planétaire si nous sommes incapables de transformer nos relations individuelles et donc de nous transformer nous-mêmes ?

Jacques Robin, L’écologie politique et le 21e siècle (2e partie).

La différence

La question de la différence ne devrait pas se poser puisqu’elle va de soi. Pourquoi parle-t-on [aujourd’hui plus qu’autrefois ?] de la différence ? Comme si la non-différence, l’indifférenciation était la norme ? Alors que c’est bien la diversité qui est la norme du vivant. L’idéologie (noire/sombre… ?) de l’identité, du semblable, du similaire, celle de l’assimilation, du clone, a la vie dure. Le divers fait peur au lieu d’éveiller l’intérêt, de stimuler la création. Les organisations – organisations sociales, entreprises – sont, la plupart du temps, engagées dans la répétition du même. Elle est mortelle, l’incapacité de notre société occidentale à se regarder depuis un ailleurs, à s’envisager comme l’autre de l’autre. Le politique, les média, ont une très grande responsabilité sur ce sujet. Les conséquences en sont majeures – et désastreuses.  René Girard nous alerte: Là où la différence fait défaut, c’est la violence qui menace. (cité par Th.Fabre, Éloge de la pensée de midi, p. 83)