Les taciturnes

(…) Car l’Ecriture crépite de sens uniquement pour celui qui sait se disposer à l’écoute, qui sait rester longtemps silencieux. Une telle pratique est considérée aujourd’hui comme une malformation, on soigne les taciturnes avec de bons résultats. (…) Dans le rock and roll fébrile des besoins et des désirs on se démène sur la piste seulement pour soi-même. L’unique intégrisme actuel est la surdité.

Erri DE LUCA, Comme une langue au palais, p.60

L’épaisseur des choses

Je propose à chacun l’ouverture de trappes intérieures, un voyage dans l’épaisseur des choses, une invasion de qualités, une révolution ou une subversion comparable à celle qu’opère la charrue ou la pelle, lorsque, tout à coup et pour la première fois, sont mises au jour des millions de parcelles, de paillettes, de racines, de vers, et de petites bêtes jusqu’alors enfouies. Ô ressources infinies de l’épaisseur des choses…

Francis PONGE

Esther Kahn

Dans le film d’Arnaud Desplechin, la jeune Esther Kahn fait son apprentissage de comédienne. Il y a cette scène extraordinaire dans laquelle son mentor lui fait traverser la scène, dans une large diagonale, en lui fixant pour mission de manifester, dans ce théâtre vide, à titre d’exercice, une émotion différente tous les 4 pas. Une leçon magnifique !

Bavure

Vu sur CNN (ou BBC ?) – en décembre 2005.

A la Nouvelle-Orléans, un homme a été tué par des policiers.

Sur une vidéo d’amateur, on le voit mis en joue par une douzaine de personnes. Un voisin raconte : il était connu dans le quartier pour être bizarre mais pas dangereux.

Il aurait menacé les policiers avec un petit couteau (sic).

Fin du reportage. Interview du porte-parole de la police, qui explique: Les policiers étaient en état de légitime défense (! ?). Ils lui ont demandé de jeter son couteau, il n’aurait pas voulu. On lui a envoyé alors des gaz lacrymogènes, mais sans aucun succès.

Finalement, il s’est mis à chanter d’une façon bizarre – et on a dû l’abattre !

Le journaliste parlait de « bavure ».