Göttingen en mai

Je passe régulièrement à Göttingen depuis quelques années. La ville a gardé tout son charme, elle qui n’a subi pratiquement aucune destruction à la fin de la dernière guerre. Ce soir-là, le 18 mai 2015, le ciel est à l’image des conditions bousculées de la journée: chaleur, vent, rafales orageuses, soleil voilé, déchirures brusques, soudaine fraîcheur nocturne. Dans ce ciel, les hirondelles font des figures d’acrobates.

Notes sur Dresde – Juin 2013

Parti de Lille sous le soleil revenu. Peu à peu, vers l’est, le temps se dégrade. Il ne fait plus que 11 ou 12 degrés. Pluie, brouillard sur les crêtes. Je roule plus de sept heures avant d’atteindre Erfurt. Il fait gris et froid. Depuis Cologne, je n’ai traversé, me semble-t-il, que des forêts, immenses, à perte de vue. Pays d’arbres et de collines.
A Erfurt, la nuit est violemment essorée par un vent de tempête. Il fait toujours gris et glacial. Ce matin du 2 juin 2013, huit degrés seulement. Je roule vers Weimar, que je traverse, sans en voir rien: tout est triste et désert. Sans doute ne suis-je pas au bon endroit. Puis la route encore, à travers d’autres hautes collines, avec des points de vue magnifiques. J’arrive à Naumburg, où j’avais dormi l’an dernier – il y faisait alors un temps splendide – dans le parfum entêtant des tilleuls. Je revois la ville, dimanche matin, quasi déserte. La cathédrale se visite à partir de midi. Elle est toujours aussi incroyablement impressionnante. J’attendrai.

Dresde.
Hochwasser, inondations de l’Elbe. Tout le monde se mobilise pour entasser des sacs de sable, on fait la chaîne mais, tôt le lendemain, le rempart est submergé, il faut recommencer un peu plus haut. Il pleut sans cesse, les ponts seront peut-être fermés, qui nous empêcheront alors d’aller dans la vieille ville, puisque nous sommes sur la rive droite.

Continuer la lecture de « Notes sur Dresde – Juin 2013 »

De l’innocence, s’il vous plaît

En suivant ma curiosité pour la littérature qui s’écrit en Suisse, j’ai ajouté un jour à mon panier d’achats un recueil de récits de Erica Pedretti, Combien d’aurores encore …, édité à Genève, chez Zoé. Un peu plus tard, et pour ajouter à la confusion, un roman qu’elle a publié aux Editions Ecriture à Paris en 1992, Valérie ou l’oeil profane. En me fondant, sans creuser plus avant, sur la consonance de son nom, j’avais classé ce livre à l’époque parmi les nombreux livres de littérature italienne qui remplissent quelques rayons de ma bibliothèque au deuxième étage. Ce qui explique aujourd’hui pourquoi j’ai mis autant de temps à le retrouver, puisque je savais – depuis longtemps déjà, que Erica Pedretti, si elle vit en Suisse depuis 1945, écrit en allemand. De plus, elle est d’origine morave, de cette Europe centrale brisée par les guerres qui ont bouleversé le continent sans discontinuer sur tout le 20e siècle.

Fin juillet 2013, j’étais dans la petite librairie de Anne Ceran, à Montolieu, l’Alcyon. Il faisait un temps d’été lumineux et venteux, comme le ciel peut amener parfois depuis l’Atlantique, en cette période de l’année, des successions de cumulus extraordinairement étagés, des orages puis des matinées d’ombres fraîches et chaudes à la fois de grandes claques éblouissantes de soleil. J’aime passer chaque année à Montolieu, et particulièrement dans cette librairie – la libraire est charmante, et j’y fais toujours des découvertes parfaites.

Le 31 juillet, je sors d’une pile le petit livre de Erica Pedretti paru en 1997 chez C.Bourgois, De l’innocence, s’il vous plaît (Harmloses, bitte). Moins de 100 pages, mais des pages d’un récit frappant, l’évocation troublante de ce qui serait une époque de guerre pour un enfant perdu. Le texte est extraordinaire.

Je l’ai laissé reposer pendant plusieurs semaines, feuilletant quelques pages, me promettant un moment d’attention et de disponibilité particulières pour le lire. Continuer la lecture de « De l’innocence, s’il vous plaît »