Gary Snyder raconte.
A l’époque de la Grande Dépression, je n’étais donc encore qu’un gamin, je vivais dans une ferme laitière bâtie sur un essart, en bordure de la forêt. Un jour, une de nos génisses mourut. J’essayais de m’expliquer ce phénomène, j’étais plein de compassion et de questions métaphysiques sur la mort des animaux et des humains. (…) Il fallait donc que je pose la question à l’École du dimanche : « est-ce que je vais retrouver ma génisse au ciel ? ». Et l’enseignant – il aurait pu faire une réponse plus habile s’il avait été un théologien plus subtil – m’a répondu : « Non les animaux ne vont pas au ciel ».
Jim Harrison lui répond : Alors je ne veux pas y aller non plus. Je ne pourrais pas le supporter.
Aristocrates sauvages. Conversations entre Jim Harrison et Gary Snyder [p.55]
Je pense que, moi non plus, je ne pourrais pas supporter que les animaux soient exclus du séjour éternel. Je pense en particulier aux chiens … leur regard. Je me souviens d’avoir écouté, il y a 2 ou 3 étés, une série d’émissions sur la longue histoire de l’échange tout particulier que l’humain établit avec le chien, depuis des dizaines de milliers d’années sans doute.
Un documentaire présenté récemment sur ARTE apporte aussi sa part d’explication au lien presque intime, émotionnel, qui se tisse entre l’être humain et le chien : l’échange des regards provoque, chez l’un comme chez l’autre, ce mystérieux afflux d’ocytocine. Il participe au déclenchement de l’empathie, de la confiance.Voyez Des chiens et des hommes.