La musique et les arbres

La musique et les arbres écoutent les humains.

Max DORRA, Heidegger, Primo Levi et le sequoia

Erri De Luca rapporte1 ce qu’il a appris de Marina Tsvetaeva : à côté de l’attraction terrestre (la découverte de Newton, la gravitation, …) il y a l’attraction céleste. Il y a des forces qui poussent – aussi – du bas vers le haut. Newton a bien pensé la force qui attire la pomme vers le sol, mais ne dit rien de la force qui a permis à la pomme de se hisser au sommet de l’arbre.

Pour De Luca, la liberté, les grandes migrations, … sont des attractions célestes. Les plus belles figures de ce qui pousse vers le haut : le feu, l’arbre, …

J’avais noté un jour, dans la Mythologie des arbres, de Jacques Brosse:

L’arbre semble le support le plus approprié de toute rêverie cosmique; il est la voie d’une prise de conscience, celle de la vie qui anime l’univers. Devant l’arbre qui conjoint deux infinis opposés, unit deux profondeurs symétriques de sens contraire, l’impénétrable matière souterraine, ténébreuse et l’inaccessible éther lumineux, l’homme se prend à rêver.

Le Jardin

Nous l’avons oublié … mais nous l’avons connu
Ce Jardin de bonheur et de toutes vertus.

Grand verger traversé par le vent de la plaine
souffles chauds, vols d’oiseaux, bruit de feuilles, silence.

Enclos sur la colline et tout autour, le ciel,
et l’horizon bleuté et sa courbe profonde.

Prairies, fier pays, héritage, domaine
où nous vivons tous deux de sources et de miel.

Et l’Arbre ! Paradis, branches jointes, murmures,
sanctuaire élevé à nos humaines joies,

coupe où sans nous lasser nous goûtons à la vie,
dôme au travers duquel nous cherchons notre ciel.

Arbre aux heures lentes, grand livre ouvert, sagesse,
et reposoir mouvant de nos calmes pensées.

Françoise LYON, La Joie secrète, 1975
[ma mère, en hommage]