L’expérience esthétique

Je n’hésite pas à citer intégralement cette page de Claude LOUIS-COMBET, tirée d’un article majeur, intitulé Comme pour tenter de dire l’être-en-suspens, publié par la revue Conférence [n°30-31, 2010]. J’y ai lu l’expérience qui fonde une vie entière, le sentiment de la beauté du monde et le goût pour toutes les manifestations foudroyantes d’émotion de l’art et de la nature. Je m’y retrouve complètement, dans l’illimitation de la surprise, de la reconnaissance et de la soumission.

De la vastitude du sentiment océanique de la beauté du monde – aurore et crépuscule, paysages des lointains, déchaînements météorologiques – se dégagea, comme une création du coeur et de l’esprit, le goût majeur, appelé à devenir essentielle passion, pour les formes de l’art. Des couleurs, des reliefs, des rythmes, des figurations, des matières, des assonances et des dissonances, composés à l’infini, dans l’inépuisable variété des genres et des styles, emplissaient le champ toujours ouvert et toujours neuf de l’admiration et quelquefois, avec une fulgurance proche de l’émotion d’amour, dispensaient des instants de pur ravissement. Alors, dans la présence aspirante et fascinante d’une peinture ou dans le vertige d’un moment musical, la conscience du temps retient son souffle, elle se laisse envahir et déborder, la présence à soi est suspendue, possédée, dans l’intime et jusqu’au plus infime, par cette Présence, d’un autre ordre, de beauté et de forme, dont les limites mêmes, d’espace ou de temps, s’abolissent, un instant, dans l’illimitation de la surprise, de la reconnaissance et de la soumission. Pour ceux que l’extase, au sens mystique du terme, n’aura jamais visités, l’expérience esthétique révèlera, mais au plus haut de sa rareté, ce qui s’en approche le plus. Elle pourra, dans toute la longueur du temps retrouvé, accorder, ne serait-ce que par le souvenir d’émotions anciennes, restées uniques dans l’existence, sa manière de lumière intérieure, à peu près suffisante pour que, même privée de sens, la vie continue de se garder en son attente.

La symbolique des 5 éléments dans le Tao

Le Tao nous donne, au chapitre 12:

Les cinq couleurs aveuglent l’œil de l’homme
Les cinq notes assourdissent l’oreille de l’homme
Les cinq saveurs altèrent la bouche de l’homme
la course et la chasse égarent le cœur de l’homme
les biens convoités troublent la conduite de l’homme
c’est pourquoi: le saint agit à partir du ventre et non de l’œil, il écarte ceci et choisit cela.

Conférence n° 23, p. 515

Notes:
5 couleurs = vert, rouge, jaune, blanc, noir;
5 notes: jue, shang, gong, yu, zhi;
5 saveurs: acidulée, amère, douce-sucrée, piquante, salée.

Je note que le traducteur n’établit pas les rapports entre les 5 éléments.