La rencontre de deux paroles

La lecture dans sa fonction la plus haute parce que la plus humaine, est toujours la rencontre de deux paroles : la parole fixée par l’écriture et la parole intérieure du lecteur. Que cette rencontre ne se produise pas, la compréhension n’est que notionnelle. Si bien qu’écrire c’est tirer du plus profond de soi une parole afin qu’elle puisse se mêler aux courants incessants de paroles intérieures en autrui. Il y a peu de lecteurs, car le grand nombre refuse cette intrusion et se tient à la surface. Car il y a péril de voir sa vie bouger. D’ailleurs depuis longtemps beaucoup ont muré à jamais le puits des abîmes. Qu’ils reposent en paix.

Jean SULIVAN, Petite littérature individuelle, 1971

Le passage étroit

Et à quoi donc servirait-elle, la lecture, si elle ne nous aidait pas à comprendre que chaque livre est un passage étroit entre deux  » ailleurs  » : celui d’où nous venons avec souvent si peu de mémoire et celui vers lequel nous allons en aveugles ?

Hubert NYSSEN, Lira bien qui lira le dernier, p.83

Lire André Dhôtel

Je trouve absolument magnifique cette citation de Roger Vitrac, qu’André Dhôtel place en exergue de son roman Lumineux rentre chez lui.

Livre ornement
mains du moment
livre ton mal à bon escient
les paradis sont patients

Il faut lire (ou relire) Dhôtel: il y a chez lui une attention au réel qui le rend tout à fait inédit, absolument magique. Ce n’est pas de la fantaisie, encore moins de la naïveté, c’est simplement un guide pour regarder autour de nous et percevoir, enfin, le monde tel qu’il est: dans son incroyable réalité. Continuer la lecture de « Lire André Dhôtel »