Le rythme – la cadence – le temps

Rythme, cadence. Le rythme est de l’ordre de la figure fluide, de la poussée, du pulsionnel ou du pulsatif, du pouls. La cadence, de l’ordre du battement, de la battue des temps, de la montre. Le continu et le discontinu du temps, ou bien le temps/les temps.

Jean-Luc Nancy et Mathilde Monnier, Allitérations, p. 113

Les bras

Hélène SADOVSKA, danseuse soliste du Ballet des Champs Elysées, professeure de danse, raconte l’anecdote suivante (F.Culture, La fabrique de l’histoire, lundi 15 juin 2009): un photographe a pris des photos de danseuses classiques. A l’édition des tirages, la danseuse de l’école française regarde d’abord son visage, l’Anglaise observe ses jambes, et la danseuse formée à l’école des ballets russes regarde ses bras.

Elle rappelle: oui, ce qui est remarquable dans l’école russe est l’attention portée aux bras, au haut du corps, au buste. Parce que le mouvement est lié à la respiration. Elle dit: d’abord la respiration, puis le mouvement !

La connaissance comme trajet

En décembre 2002, Paul VIRILIO est l’invité d’une émission de France Culture. Il y parle de la vitesse et du mouvement. Je note au vol certains de ses propos.

La connaissance est liée non seulement à un objet, mais aussi à un trajet. Tout est aujourd’hui en mouvement. Dis-moi ton trajet, je te dirai qui tu es. La victoire est dans le mouvement, dans la vitesse. Nous vivons dans un monde de l’instant, de la relation instantanée1Ce qui prédomine donc : la figure du danseur.

L’adresse

Où il est question de l’adresse :  à qui s’adresse mon cri ? à qui s’adresse ce geste de création, ce foisonnement de l’écriture, ce mouvement, ce pas de danse, cet élan du corps, cet envol de la voix, cette poussée du souffle ?

L’homme qui s’écrit/s’écrie: l’homophonie n’est pas neutre. Et le cri, c’est bien plus que l’adresse à un public. Maurice CHAPPAZ écrit quelque part (A-Dieu-vat, p. 179), que l’homme qui écrit appelle sa mère aussi.

Il est curieux de noter que plusieurs auteurs, aussi différents que Chappaz, Vonnegut ou Lu Xun, pressentent une adresse similaire: celle qui va au public d’une seule personne.

Je soupçonne que toute création qui possède une unité vraie et une harmonie bien à elle est le fait d’un artiste ou d’un inventeur qui a dans sa tête une personne bien précise qui lui sert de public.

Kurt VONNEGUT, Le cri de l’engoulevent, p.24

La création, même quand elle n’est qu’un épanchement du coeur, souhaite se trouver une audience. La création est sociale par définition même. Mais elle peut fort bien se contenter d’un seul lecteur : un vieil ami, une amante. (LU XUN, cité par Simon LEYS, in Écrits sur la Chine, p. 715)