Diriger ?

Juliette BINOCHE, interrogée par Jérôme Clément [À voix nue I, le 4 janvier 2010 – la première d’une série de 5 émissions captivantes, comme tout ce que présente Binoche].

A un moment, il est question de la direction d’acteur.
Diriger, être dirigé … ?

Diriger : drôle de mot, dit-elle, quel que soit le champ artistique. Pour elle, il s’agit plutôt d’un partage de vision, de sensibilité et d’écoute. Je retiens la proposition qu’elle fait, absolument convaincante: On ne peut diriger personne ; on peut inventer une relation qui permette des perceptions communes.

L’oeil

Mucilage enchâssé dans une caverne osseuse, une fois privée de l’être, l’œil est destiné à pourrir quelque jour dans la tombe, à se dissoudre de nouveau en boue liquide ; mais aussi longtemps que subsiste en lui l’étincelle de vie, il sait jeter d’admirables ponts éthérés par-dessus tous les gouffres de l’extranéité qui se peuvent interposer entre un humain et un autre.

Thomas MANN, Les Confessions du Chevalier d’industrie Felix Krüll

La connaissance comme trajet

En décembre 2002, Paul VIRILIO est l’invité d’une émission de France Culture. Il y parle de la vitesse et du mouvement. Je note au vol certains de ses propos.

La connaissance est liée non seulement à un objet, mais aussi à un trajet. Tout est aujourd’hui en mouvement. Dis-moi ton trajet, je te dirai qui tu es. La victoire est dans le mouvement, dans la vitesse. Nous vivons dans un monde de l’instant, de la relation instantanée1Ce qui prédomine donc : la figure du danseur.

La confiance

C'est Isabelle STENGERS [La sorcellerie capitaliste, p.159] qui propose d'opérer une distinction entre "avoir confiance" - qui est de l'ordre de l'enthousiasme fusionnel - et "faire confiance", non en l'autre mais dans la relation possible. Cette différence me paraît intéressante à développer dans les relations à l'autre (dans la diversité), dans la mise en commun, ou en responsabilité partagée, en économie solidaire mais aussi dans le travail musical

Dans notre pratique amateur collective, nous sommes sans cesse sollicités pour renouveler cette confiance, qui crée la possibilité de l'accord- musical et humain, dans une pratique qui nous voit émotionnellement particulièrement exposés.