L’infinie solitude de l’oeuvre d’art

Ce qui, au premier coup d’œil, distingue l’œuvre véritable, c’est, comme l’écrivait Rilke, son infinie solitude — l’attrait énigmatique d’une unicité qui offre paradoxalement la multitude de ses adéquations sensibles à ceux qui en les regardant font la moitié des tableaux (Paul Klee) et souvent plus, à l’instar de ce nostalgique empereur de l’ancienne Chine, se plaignant auprès de leur auteur Li Ssu-hsür du bruit que faisaient les cascades qu’il avait peintes et qui l’empêchait de dormir.

Paul VIRILIO, Ce qui arrive, p.70