La musique et les arbres

La musique et les arbres écoutent les humains.

Max DORRA, Heidegger, Primo Levi et le sequoia

Erri De Luca rapporte1 ce qu’il a appris de Marina Tsvetaeva : à côté de l’attraction terrestre (la découverte de Newton, la gravitation, …) il y a l’attraction céleste. Il y a des forces qui poussent – aussi – du bas vers le haut. Newton a bien pensé la force qui attire la pomme vers le sol, mais ne dit rien de la force qui a permis à la pomme de se hisser au sommet de l’arbre.

Pour De Luca, la liberté, les grandes migrations, … sont des attractions célestes. Les plus belles figures de ce qui pousse vers le haut : le feu, l’arbre, …

J’avais noté un jour, dans la Mythologie des arbres, de Jacques Brosse:

L’arbre semble le support le plus approprié de toute rêverie cosmique; il est la voie d’une prise de conscience, celle de la vie qui anime l’univers. Devant l’arbre qui conjoint deux infinis opposés, unit deux profondeurs symétriques de sens contraire, l’impénétrable matière souterraine, ténébreuse et l’inaccessible éther lumineux, l’homme se prend à rêver.

La musique

Des idées, des choses à nous dire.

Je suis à la musique ce que le bois est au feu. Pour partager le feu, la bûche le veut tout entier, il le lui faut tout entier.

Jean SUR

Ces vignes où un homme quand il sulfatait, chantait toujours le grégorien de l’église, les vocalises escaladaient les murs, caressaient la pente comme une longue, longue peau sauvage.

Maurice CHAPPAZ, A–Dieu–Vat, p. 47

La manière dont la musique, elle surtout, nous interpelle, nous entraîne bien plus loin que jusqu’aux frontières du verbe — elle va jusqu’à celles de la perception. Les divers sens semblent ne plus suffire à lui donner un asile — ce sont des branches issues du tronc du frêne cosmique.

Ernst JÜNGER, L’auteur et l’écriture, p. 182

« La musique creuse le ciel », écrit Baudelaire. Oui, au double sens où elle recule les limites de l’illimité en même temps qu’elle en explore l’espace.

François DEBLUË, in Conférence n°28

Je ne pense pas qu’à l’époque, âgé de douze ans, j’ai pu deviner ce que j’ai lu bien plus tard, si je ne me trompe, dans l’une des études de Sigmund Freud, et qui me parut tout de suite évident: le mystère le plus intime de la musique est un geste de défense contre la paranoïa, nous faisons de la musique pour ne pas être submergés par les horreurs de la réalité.

W.G.SEBALD, Campo Santo, p. 219

Les 5 éléments et l’écriture coréenne

Dans la symbolique occidentale, les 5 éléments sont l’eau, la terre, le feu, l’air et l’éther.

Cfr Hartmut et Gernot Böhme, Feu, eau, terre, air – une histoire culturelle des éléments, Munich 1996.1

Il est cité par Alain CUGNO, L’air, Seuil, 1999 (p. 91):

Il s’agit de retrouver le sens de la nature à la racine du sentir humain, de mesurer combien la compréhension des éléments est aussi celle de l’homme par lui-même. Le livre retrace la théorie des quatre éléments d’Empédocle à Lavoisier et la façon dont le microcosme humain en est le miroir. La conclusion est que nous avons perdu ce lien aux éléments et que cette perte est à l’origine de la destruction croissante de notre environnement. Ce qui s’est trouvé exclu est toute la dimension symbolique, et nous avons perdu du même coup les émotions qui se disaient à travers elle. Ainsi sommes-nous passés du feu de la passion à la chimie des relations psychologiques. Continuer la lecture de « Les 5 éléments et l’écriture coréenne »