Dresde – Albertinum

Unter italischen Himmeln

Dresde, mai 2017. Comme chaque année, je passe quelques heures dans les musées de la ville. A l'Albertinum [Galerie Neue Meister], une très belle exposition est consacrée aux artistes qui ont visité et peint l'Italie du 19e siècle: Unter italischen Himmeln. A nouveau, comme dans certain tableau vu au musée d'Edimbourg, je suis frappé par la beauté de la lumière et la douceur qui émane des paysages. Je prends quelques photos, pour tenter d'en sauvegarder la trace.

Janos Ber

Un dimanche d'automne, sous des torrents de pluie, je visite le Musée Matisse au Cateau-Cambrésis.

J'entre avec bonheur dans les salles d'exposition temporaire, consacrées pour cette dernière journée encore, au travail de Janos Ber. C'est un vrai moment de grâce. Les toiles les plus récentes dégagent une beauté et un équilibre parfaitement réjouissants. Je suis à nouveau transporté par cet étrange impression de me remplir d'énergie. La vibration des bandes de couleurs, le cadencement presqu'irrégulier, libre mais parfaitement maîtrisé, les tracés - qui m'évoquent aussitôt le travail d'Ubac, avec qui la parenté minérale n'est pas fortuite, constituent un foyer de vitalité extraordinaire.

Ivan Mestrovic

Zagreb, le 28 décembre 2005.

Je suis, à nouveau, dans cette maison de Mestrovic, dans son atelier. J'y étais pour la toute première fois en septembre 1978 et j'y suis revenu souvent. En cette matinée de neige, je suis le seul visiteur et je parcours l'atelier et les deux étages de la maison. Rien n'a changé, sauf ma vie. Il y a, dans cette visite, autant de nostalgie que de fascination pour le travail de l'artiste. Je retrouve le charme de certaines sculptures: une vierge à l'enfant ou la très elliptique jeune fille au luth, sculptée en 1918. Et la souffrance d'un Job terrifiant, dans une posture de demande, de prière, ou d'un Michel Ange plein de force.

Né en Croatie en 1883, Mestrovic s'est formé à Split, à Vienne et à Paris. Il a aménagé cette maison de la vieille ville de Zagreb et travaillé dans cet atelier dans les années 1920, avant de partir pour les Etats-Unis où il vivra jusqu'en 1962.

Miroslav Tichy

Mars 2010. NY. C'est ma première visite à l'International Center of Photography, petit musée/galerie moderne, au croisement de l'avenue des Amériques et de la 43e rue.

J'y découvre une très belle exposition des photos de Miroslav Tichy. Assis dans une petite salle obscure, je suis captivé par le film qui présente l'artiste. Sa fascination pour les femmes. Prises en photo - fantasmatiquement capturées - avec des appareils de fortune, le plus souvent confectionnés par Tichy lui-même, personnage d'artiste intriguant, dérangeant. Sous le régime communiste, il était régulièrement arrêté par la police de sa petite ville de Tchécoslovaquie, pour trouble à l'ordre public, notamment lors des célébrations du 1er mai. On le mettait au frais, en prison ou à l'hôpital psychiatrique voisin. Pathétique clochardisation de l'homme. Aujourd'hui, il est reconnu dans le monde entier (expositions à Paris, Zürich, Sidney, NY, ...).

Étrange destin de cet homme qui a continué a travailler dans le plus grand dénuement, que l'on voit vivre aujourd'hui presque comme un clochard manifestement en grande détresse, dans un grand abandon physique, et qui nous offre cependant une véritable vision d'artiste, profondément émouvante, d'une nostalgie folle.