Dante ANDREO

J’ai rencontré Dante en 2006, quand je l’avais invité à Lille pour diriger ses oeuvres, les commenter, les expliquer et faire partager sa musique. Nous avions eu le premier contact par son éditeur, je pense. Le Madrigal de Lille, que je dirigeais alors, avait à son répertoire une série de pièces que nous aimions beaucoup, notamment les Cantos (sur les poèmes de Garcia Lorca), la série de Noëls populaires d’Amérique du Sud, les Cantos andinos.

L’idée avait donc émergé rapidement d’inviter le compositeur, ce qui n’était pas si simple parce qu’il vivait alors à La Gomera, une des îles canariennes. Son voyage fut épique: à l’aube le bateau pour Gran Canaria, l’avion jusqu’à Madrid, puis le transfert manqué vers Bruxelles où je le vis finalement arriver après minuit. Continuer la lecture de « Dante ANDREO »

Pas de gras

Elle est magnifique, la voix de Florence Delay qui incarne, toute jeune comédienne, Jeanne d’Arc dans le film de Robert Bresson. Et très émouvant l’hommage de Marcel Bozonnet qui, à l’écoute d’un extrait1, dit à quel point cette voix le touche. Il dit combien ce qu’il ne veut pas appeler la diction, mais la manière de parler de Florence Delay est admirable: pas de pathos, « sans gras », elle va droit au sens, avec cette légère précipitation dans le débit qui file, direct, …

Je me dis, immédiatement, à l’écouter elle, à l’écouter lui ensuite, que c’est exactement « ça »: l’idéal de l’interprétation, en lecture, en musique. Aussi près que possible des mots. Rien que « ça ».
Mais, de l’expérimenter, de le travailler longuement, je mesure à quel point c’est difficile. Florence Delay ajoute, tout à la fin de l’émission, que pour elle le mot de la langue française le plus difficile à dire est le mot « oui ». Continuer la lecture de « Pas de gras »

Résistant aux séismes

Un auteur japonais m’a écrit que sa vieille mère, à Fukushima, va bien. Après ces catastrophes, certains livres sont soudain devenus pour lui inintéressants, sans qu’il puisse dire pour quelle raison. Il a commencé à dresser une liste des livres « résistants aux séismes », c’est-à-dire des livres qui gardent leur valeur au-delà des catastrophes.

Yoko Tawada, Journal des jours tremblants, p. 97

J’aime cette façon de considérer soudain sa bibliothèque sous un nouvel angle. Diable, le critère de sélection risque d’être radical !