De l’air entre les mots

Lis grand-mère ! Lis pour moi !

Lire ! dit-elle. Tu es un grand garçon. Tu peux lire toi-même.

Je n’ai pas assez d’air, dis-je. Sans air, on ne peut pas lire. Il faut de l’air entre les mots, et même entre les lettres. Et les signes de ponctuation exigent d’énormes quantités d’air frais.

Je peux peut-être ouvrir la fenêtre ? dit grand-mère.

Ça ne servirait à rien, dis-je. L’air venu de l’infini là, du dehors, est le même que celui d’ici, dans la chambre.

Torgny Lindgren, Souvenirs, pp. 77-78