Et que disent-ils de la beauté ?

Merveilleuse diversité, qui éclaire notre pratique et modifie notre sensibilité...

Sylvie Crossman & Jean-Pierre Barou, Enquête sur les savoirs indigènes, Les Navajo: un peuple médecin, p. 143

Les auteurs notent que le mot hozho, dans la langue des Navajo, signifie à la fois beauté et santé.

En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). A la façon d'une senteur.

Ito Naga, Iro ma ka mo, la couleur et le parfum, p.12

Mono no aware

mono-no-awareDans Cinq méditations sur la beauté (p. 26), François CHENG évoque le fait que la beauté nous paraît presque toujours tragique  — hantés que nous sommes par la conscience que toute beauté est éphémère.

De même, dans le grand récit héroïque japonais, dit du Genji, s’exprime ce sentiment douloureux de la beauté que les Japonais appellent «mono no aware».
C’est le sentiment que nous pouvons ressentir devant l’œuvre d’art, cette conjonction d’émerveillement et de souffrance, celle qui naît du sentiment de la fugacité de ces instants de bonheur irrépressible, puissant.


La lecture du petit livre de Ito Naga 1 m’amène à ajouter [juillet 2015] cette citation:

Mono no aware, c’est l’émotion que l’on éprouve devant les changements subtils de la nature.

Mais Ito Naga ajoute, sibyllin:

Il se trompe en pensant que Mono no aware signifie « nostalgie », mais on devine pourquoi il pense ainsi.

Résistant aux séismes

Un auteur japonais m’a écrit que sa vieille mère, à Fukushima, va bien. Après ces catastrophes, certains livres sont soudain devenus pour lui inintéressants, sans qu’il puisse dire pour quelle raison. Il a commencé à dresser une liste des livres « résistants aux séismes », c’est-à-dire des livres qui gardent leur valeur au-delà des catastrophes.

Yoko Tawada, Journal des jours tremblants, p. 97

J’aime cette façon de considérer soudain sa bibliothèque sous un nouvel angle. Diable, le critère de sélection risque d’être radical !