P D C – Posture, direction, contact

PDC est un petit outil que j’utilise depuis plusieurs années: Posture, Direction, Contact.

Pour le travail vocal de l’ensemble, voici ce que je rappelle régulièrement:

  • la posture: la position du corps, la stabilité, la bascule du bassin et la sensation du centre de gravité, l’attitude d’ouverture (épaules, bras, ventre, bassin, pieds), à l’identique de ce qu’on apprend au théâtre.
  • la direction : il s’agit d’adresser (symboliquement et physiquement) la voix, d’offrir la musique à l’auditeur, … Elle doit être orientée, dirigée vers …
  • le contact : c’est une autre façon de désigner ce que Daïnouri Choque nomme l’intensité. Il faut que la voix soit adressée avec assez de force, que le corps soit suffisamment engagé pour que l’on puisse ressentir ce contact (avec le son, avec l’espace). On peut utiliser l’image d’un contact [symboliquement] engagé avec un écran, avec un mur (celui de la pièce, de la salle, de l’église où l’on chante) sur lequel le son doit se ficher, s’accoler, …. Katelijne Van Laethem exprimait cela encore autrement. En néerlandais, elle utilisait le terme ‘uitdagen’, qu’on peut traduire par ‘défier, provoquer (en duel)’. Il s’agissait ainsi de défier l’espace, de chercher l’engagement – comme un duelliste – avec le lieu. L’arme, puissante, vive, lumineuse, c’est sa propre voix, son propre son.

Pour appliquer la formule de la PDC, il faut le double mouvement – contraire – de (re)centrage sur soi et d’ouverture. On revient toujours à ces fondamentaux.

Les bras

Hélène SADOVSKA, danseuse soliste du Ballet des Champs Elysées, professeure de danse, raconte l’anecdote suivante (F.Culture, La fabrique de l’histoire, lundi 15 juin 2009): un photographe a pris des photos de danseuses classiques. A l’édition des tirages, la danseuse de l’école française regarde d’abord son visage, l’Anglaise observe ses jambes, et la danseuse formée à l’école des ballets russes regarde ses bras.

Elle rappelle: oui, ce qui est remarquable dans l’école russe est l’attention portée aux bras, au haut du corps, au buste. Parce que le mouvement est lié à la respiration. Elle dit: d’abord la respiration, puis le mouvement !

L’excellence

La question de l’excellence, dans un projet artistique, se pose dès l’abord. Elle fait peur aux amateurs, et pourtant – j’ai l’occasion d’y revenir par ailleurs, notamment dans Une perfection absolue – elle ne cesse pas d’être d’actualité.

Mais que veut dire une pratique d’excellence ?

Elle se fonde sur une double mesure, une double appréciation.

D’un côté, une appréciation objective – un regard, une écoute, extérieurs. C’est donc une mesure qui se réfère à d’autres pratiques, qui les compare entre elles, sur l’échelle de l’existant, mais dont les critères sont extraordinairement variables. Dans la discipline qui nous occupe – la pratique vocale – c’est à la fois, ou distinctement, la qualité et l’originalité du répertoire, la façon de se présenter en chœur, la vocalité, la liberté du souffle, la sonorité, la cohérence, mais aussi la clarté, l’ouverture, la sensibilité de l’interprétation, la force de conviction, …

D’un autre côté, une mesure subjective: comment je me situe moi-même dans ma pratique, à quel niveau je m’y place. En d’autres termes: quelle place est-ce que je lui accorde ? Cette appréciation est dynamique: c’est aussi une ambition, elle se nomme, se détermine comme une ambition. Mais je ne parlerai pas ici de « progrès », le terme me semble nous renvoyer à une échelle objective. L’ambition individuelle s’inscrit plutôt comme un mouvement, et un mouvement de l’intime.

Je considère que l’excellence se situe d’abord dans ce mouvement. Il est à la portée de tous, mais … , à l’instar du moine-voyageur, Bashô – dans Le chemin étroit vers les contrées du Nord, p. 50:

(…) je me disais qu’en toute chose l’excellence est le fruit d’efforts auxquels l’homme ordinaire ne consent pas.

La connaissance comme trajet

En décembre 2002, Paul VIRILIO est l’invité d’une émission de France Culture. Il y parle de la vitesse et du mouvement. Je note au vol certains de ses propos.

La connaissance est liée non seulement à un objet, mais aussi à un trajet. Tout est aujourd’hui en mouvement. Dis-moi ton trajet, je te dirai qui tu es. La victoire est dans le mouvement, dans la vitesse. Nous vivons dans un monde de l’instant, de la relation instantanée1Ce qui prédomine donc : la figure du danseur.