Trop grand pour moi ?

En paraphrasant Deleuze [dans l’explication qu’il donne du sens de la plainte] : le risque de la musique … c’est que ce soit « trop grand pour moi ». Ce « trop grand » s’applique à la joie – mais aussi à la plainte. L’illustration la plus convaincante se trouve dans l’immensité du chant lyrique, de la voix des grands solistes d’opéra, dont la vibration émotionnelle déchirante bouleverse l’auditeur, jusqu’aux larmes.

La transparence

(…) j’ai compris que certaines visites que la vie nous rend sont si mystérieuses qu’elles doivent prendre la forme d’un poème, que la prose la plus éclatante ne rendrait justice ni à leur transparence ni à leur opacité qui sont forcément voisines puisque nous ne comprenons pas la transparence mais pouvons seulement la flairer comme un limier flaire un gibier dont il sait qu’il n’est pas pour lui.

Nicolas BOUVIER – Préface à V.HOLAN, Douleur.

La collection d’images

Je découvre chez Dhôtel cette étonnante pratique poétique, telle qu’elle est suggérée par ce que réalise Damien, au début de Je ne suis pas d’ici.

Il collectionne les objets, puis par manque de moyens, il commence à collectionner les images (vues, vécues, …) qu’il recense par écrit. C’est l’occasion d’une écriture véritablement poétique. Il s’aperçoit que ces images, ces rencontres sont extraordinaires, qu’elles sortent de l’ensemble raisonnable d’une vie totalement cernée par l’explication rationnelle.

La persévérance

Peut-être que notre écriture est – seulement- à l’identique de nos lectures: nous n’écrivons rien de plus, rien d’original. Peut-être aussi que notre pensée n’est pas nouvelle, et que d’autres l’ont pensée avant nous. Peut-être que notre pratique artistique la plus personnelle n’est, elle aussi, que la pâle copie d’une musique déjà entendue…

Il faut pourtant aller jusqu’au bout du geste, jusqu’au noyau dur de la pensée personnelle, et creuser toujours pour l’atteindre. C’est bien là la persévérance du travail artistique, sa justesse, son sens.