Le progrès

afghanistan1En 1939, Ella MAILLART visite l’Afghanistan1. Elle découvre, dans une vallée, une filature construite par des ingénieurs allemands2.

Elle écrit à ce sujet: Essayant d’analyser ce que j’avais éprouvé en découvrant cette filature cachée au cœur de l’Hindou Kouch, je demandai aux Allemands si cela ne les inquiétait pas de penser à la misère que cette grande construction avait déjà causée dans la vallée. Les acquisitions techniques de notre civilisation ne sont-elles pas une malédiction lorsqu’elles arrachent les Afghans à leur milieu et les plongent trop brusquement dans une vie qui n’a pas été faite pour eux ? Mais ces ingénieurs n’étaient pas disposés à reconnaître que leur centrale électrique déracinait la vie des indigènes. Naturellement, ils mentionnèrent le Progrès, notre dieu émacié qui profite des guerres. C’était leur travail de construire, et tant qu’ils construisaient, ils étaient contents. Heureux ceux qui ont la vue courte et ne voient pas plus loin que ce qu’ils peuvent toucher ! Continuer la lecture de « Le progrès »

L’idée de relation

Tout passe donc par l’approfondissement constant de l’idée de relation, conçue non pas comme système diplomatique en vue de ménager des occasions de compromis ou d’excitation mais comme conscience intérieure de la présence du monde. Non pas comme source d’obligations morales ou psychologiques, mais comme l’élargissement d’une solitude qui ne se perd jamais de vue. Non pas la relation pour satisfaire aux exigences d’un statut ou d’une appartenance, pour servir un intérêt supérieur dont elle serait le moyen ou l’instrument, mais comme expression première, en fait et en droit, de la réalité. Non pas la relation comme crispation de la volonté, comme prétexte à torture, comme jeu d’échecs de l’âme, mais comme possibilité d’abandon toujours renouvelée, comme recours toujours plus secourable, comme seule médiation possible.

Jean SUR, 68 forever, Arléa, p. 72

La lettre au ministre

jeanne_moreauEn 2009 – il y a donc si longtemps ! – Paula Albouze, une citoyenne française, a écrit à un ministre de l’époque, disparu depuis lors de l’horizon politique, en charge d’un ministère qui a heureusement disparu lui aussi, une lettre qui a fait le tour de la toile. Elle a été présentée par A. Mnouchkine à la Cartoucherie, elle est lue ici par Jeanne Moreau. Si je la publie à mon tour, aujourd’hui, c’est pour qu’on se souvienne de cette lettre admirable. Elle rend justice à l’humanité. Aujourd’hui encore, la devise de la République, Liberté, Égalité, Fraternité, reste de l’ordre du projet. C’est pourquoi cette lettre est devenue intemporelle, son actualité ne se dément pas.

Ecoutez:

La berceuse magique

Aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfant, j’ai en mémoire une petite mélodie, une berceuse, que me chantait ma mère qui la tenait de ma grand-mère Suzanne Lyon, qui elle-même devait la tenir de sa propre mère, Félicité Claesen, née à Liège en 18613. Cette petite mélodie avait – et garde toujours pour autant qu’on la chante, un pouvoir magique absolu, celui d’alléger les chagrins d’enfant, d’apaiser le rythme respiratoire et d’arrêter ainsi, tout doucement, les hoquets des sanglots. Je n’ai jamais su – pour ne pas les avoir questionnées à temps, d’où venait cette mélodie magique: avait-elle des paroles, une suite, … ? Je n’ai jamais trouvé trace de cette berceuse, personne de mon entourage n’a pu me renseigner. Ce n’est pas que je veuille absolument percer le mystère mais, voilà, si quelqu’un la reconnaissait, je serais heureux qu’il/elle m’en fasse part.

La voici: