Jean FOLLAIN

Dans Tout instant, ce recueil admirable, d’une langue précise, limpide, semée parfois d’images surprenantes, comme des pépites dans une rivière aux reflets étonnants, Follain évoque – à travers les objets – le temps (perdu) de son enfance, celui d’un monde disparu. L’image de la faïence ébréchée, du bol brisé, des fragments de vaisselle est la métaphore de ce recueil de fragments, de textes courts, souvenirs, éclats du temps. Le discours interrompu, l’évocation d’un instant, rendu soudain extraordinairement vivant par une annotation, un mot, un geste, précisément inscrits dans un souvenir incarné.

(…) J’ai peur qu’il ne tombe de mes mains …

(…) Il arrive que la vaisselle tombe des mains des femmes.

(…) le plat s’écrase à terre, montrant sa cassure sombre.

Pourquoi alors avoir le sentiment que le monde est merveille ? Est-ce parce que la servante est belle ? (…) Continuer la lecture de « Jean FOLLAIN »

Catastrophes nucléaires

Nous vivons à l’ère de la catastrophe, chaque homme est un porteur de la catastrophe, c’est pourquoi il faut un art de vivre particulier si l’on veut survivre.

Imre KERTESZ

Tchernobyl

Il n’y a pas de mots pour dire l’horreur de Tchernobyl, sauf ceux de Svetlana ALEKSIEVITCH dans ce livre hors du commun, La supplication, Tchernobyl – Chronique du monde après l’apocalypse. Cette supplication hurle à nos oreilles de sourds.

Il faut absolument entretenir, avec force, le souvenir de cet événement qui signe notre entrée – définitive, sans retour possible – dans le temps de la destruction. L’anniversaire de l’explosion de la centrale ukrainienne 1 a mis en ligne des images et des récits qu’il ne faut pas manquer.

En voici quelques-uns:

Et puis, presque en même temps que cet anniversaire, à quelques jours près: Fukushima. Continuer la lecture de « Catastrophes nucléaires »

Donner des émotions

Il ne s’agit jamais d’exprimer des émotions, mais d’en donner, et c’est la rébellion contre l’expression, contre les poncifs du mélodrame et de la musique imitative qui fonde le spectacle moderne: et c’est parce qu’ils n’accordent rien à l’expression comme telle que les langages formels du passé ou de l’Orient ont pu jouer un si grand rôle dans l’invention de la modernité, où ils ont tenu le rôle de preuves. L’art doit avoir une efficacité terrible.

Jean-Christophe BAILLY, Phèdre en Inde, Plon, p. 135