Le voyage de l’âme

Nous ne pouvons courir de lieu en lieu sans perdre quelque chose, passer vite d’un endroit à l’autre toute notre marchandise et changer de travail en une minute comme il nous plaît. Rien n’est plus long à voyager que l’âme. Et c’est lentement, s’il se déplace, qu’elle rejoint le corps. (…)

Jean COCTEAU, La difficulté d’être.

Cette citation intervient dans une très belle émission d’entretien avec Claude Virilio, diffusée sur la Première (RTBF – Par ouï-dire, 20 août 2009).

La fracture

Nous vivons exactement sur la ligne de fracture entre le monde de la nature dont nous sommes chassés, ou dont nous nous excluons nous-mêmes, et cet autre monde qui est généré par nos cellules nerveuses. Et donc, il est clair que cette ligne de fracture traverse notre condition physique et psychique. Et c’est probablement à l’endroit où ces plaques tectoniques frottent l’une contre l’autre que résident les sources de douleur… Et je ne pense pas qu’il y ait une quelconque façon d’y échapper… D’ailleurs, en réalité, je n’ai pas très envie d’être tiré d’affaire.

W.G. SEBALD, D’après nature.

J’aime ce moment où Sebald passe du « nous » au « je »; il se passe quelque chose, un « événement » qui nous en apprend sur lui et sur nous-mêmes…

Séparation

Le monde devenait de plus en plus vaste, de plus en plus lumineux; il s’étendait de plus en plus loin au fur et à mesure que le voyageur avançait. Partout où le portaient ses pas, des milliers et des milliers de créatures étaient dans l’allégresse.

A.STIFTER, L’Homme sans postérité