Idée de l’étude

Ici l’étymologie du terme studium se fait transparente. Elle remonte à une racine st- ou sp-, qui désigne les heurts, les chocs. Étudier et s’étonner (studiare et stupire) sont donc parents dans ce sens-là: celui qui étudie est dans l’état de celui qui a reçu un choc et demeure stupéfait devant ce qui l’a frappé, incapable aussi bien d’en venir à bout que de s’en détacher. Celui qui étudie est donc toujours stupide.

Giorgio AGAMBEN, Idée de la prose, p. 45


Je note, en complément, selon Isidore de Séville (c.560-636):

Étudiez comme si vous deviez vivre toujours; vivez comme si vous deviez mourir demain.

La vigilance du corps

L’œuvre d’art n’est pas académique, elle n’obéit à aucun dessein préconçu et n’exprime que la vénération extrême de la réceptivité ou, plus trivialement, de la vigilance extrême du corps vivant qui voit, écoute, devine, bouge, respire, chante. Les émotions de la vie ne sont au fond que des pas, confiait la grande danseuse Sylvie Guillem, je considère mon corps comme un instrument de découverte… Il faut parvenir, à chaque fois, à s’étonner, à se découvrir.

Paul VIRILIO, Ce qui arrive, p. 71