Exultation

Et tous ces visages… Je n’entends plus rien, ne vois qu’eux, et dans la brutale alacrité de la jouissance qui m’emplit, je les bois avec une voracité goulue. Je les bois et les dévore, les savoure, me les incorpore, les fixe en moi à jamais. Car à ma grande surprise, j’ai pu vérifier qu’un visage que j’ai scruté avec ferveur pendant quelques secondes, je ne l’oublie plus. Dix, quinze, vingt ans plus tard, si je le revois, et serait-ce en un tout autre lieu et dans les circonstances les plus différentes, je sais immédiatement où et quand il s’est gravé en moi. Visages et regards – visages et regards – sans doute ma plus violente passion. Des milliers d’heures dans les rues, les cafés, les gares, sur les places, à les épier, les interroger, tenter de percer leur mystère, à me nourrir de tout ce que je leur dérobe, à les déposer en moi là où la vie tressaille, là où ils vont émouvoir ma part la plus avide, le plus ardente, me muer en une seule exultation.

Charles JULIET, Vers la rencontre, Les Cahiers des Brisants, 1980.

Vivre

Paul Valet explique quelque part:

La question valérienne par excellence, non pas : être ou ne pas être (comme le croyait naïvement Hamlet) mais la vraie, la seule et unique : comment être en ce monde tout en n’y étant pas véritablement ?

Et Maurice Chappaz, dans les entretiens publiés sous le titre de A-Dieu-vat:

(Vivre est une énigme).
Je trouve très heureux qu’on ne sache rien. Il y a un mystère, on ne sait rien et on doit vivre. Et vivre, c’est la réponse à cette énigme, à ce fait qu’on ne sait rien. Mais il y a une réponse à donner et pas n’importe laquelle.

Falling

Le mouvement, les corps, la chute comme chorégraphie, sans cesse reprise, du même élan.. : Falling

[Directed, Edited and Animated by Adriano Cirulli. Music by Antonino Chiaramonte. Cinematography by Francesco Di Giacomo. 1st Prize Art Lab Award at Festival Internazionale del Cinema D’Arte 2012.
Best Experimental Film at Wimbledon Shorts Film Festival 2011.]